Les Anglais et les Hollandais, qui, pendant les soixante ans qu'elle dura, avaient été presque tout le temps en guerre avec l'Espagne, leur enlevèrent successivement les plus riches de leurs conquêtes; les Hollandais, surtout, leur firent un mal incalculable : Malacca les Célèbes, les Moluques, Java, le Japon, le Cap, leurs comptoirs de l'Inde. leur furent arrachés; les Anglais pillèrent les Açores et ravagèrent ; jusqu'à l'Algarve, où ils avaient débarqué. Le Brésil ne leur resta que grâce au patriotisme et à l'énergie d'un commerçant de leur nationalité, Vieira, qui repoussa les Hollandais qui s'y étaient établis, et les força même à mettre bas les armes.
La marine portugaise avait subi, pour sa part, le sort malheureux de la fameuse Armada, équipée par Philippe II, pour aller conquérir l'Angleterre.
Ainsi, quand il eut reconquis son indépendance, le Portugal se trouvait ruiné, affaibli à jamais. Sa grandeur était tombée pour ne plus reparaître. Il n'était plus qu'un Etat secondaire, après avoir tenu sur mer le premier rôle.
Richelieu, qui fut l'adversaire le plus redoutable de la maison d'Autriche, avait secondé le Portugal dans sa restauration nationale ; il reconnut aussitôt le roi qu'il s'était donné et contracta alliance avec lui contre l'Espagne. Cette alliance ne fut pas continuée sons le règne suivant.
Nous entrons maintenant dans la troisième période historique du Portugal. Elle verra naître, grandir et s'implanter définitivement, dans le pays, l'influence anglaise qui commence à se montrer sous Alphonse VI, successeur de Jean IV.
Pour lutter contre l'Espagne, le Portugal avait demandé à l'Angleterre son appui. Le traité de paix signé en 1668 entre l'Espagne et le Portugal
et qui reconnaissait définitivement l'indépendance de ce dernier, avait été dû aux négociations d'un ministre anglais, Southwell.
Les Portugais avaient cédé Bombay et Tanger aux Anglais; quand ceux-ci furent obligés d'abandonner Tanger, pour remercier leurs alliés, ils préférèrent, plutôt que de leur rendre la ville, la livrer aux Marocains, qui la pillèrent et violèrent les tombes des chrétiens. En 1703, deux traités successifs, celui de Lisbonne et celui de Methuen, scellèrent l'alliance entre les deux nations et établirent pour plus d'un siècle la prédominance anglaise en Portugal.
Le dernier traité était un simple traité de commerce, mais comme savaient les stipuler les Anglais : c'était un traité au moyen duquel ils accaparaient à leur profit tout le commerce du Portugal.
Sous don Pedro, qui avait succédé à son frère Alphonse VI, les Portugais, qui soutenaient les droits de l'archiduc Charles d'Autriche contre Philippe V, petit-fils de Louis XIV, à la couronne d'Espagne, entrèrent dans Madrid (1706). Mais sous son fils Jean V ils furent battus par les armées alliées de l'Espagne et de la France à AImanza, Badajoz et Villa-Viciosa; la principale ville de leur colonie du Brésil, Rio-Janeiro, fut bombardée par Duguay-Trouin, qui s'en serait même emparé, s'il avait eu à sa disposition des forces plus considérables. Un nouveau traité de paix (1715) rétablit la paix entre le Portugal et l'Espagne.
Ce fut sous Jean V que le pape octroya au monarque portugais le titre de roi « très-fidèle ». La décadence du Portugal marchait à grands pas sous un roi qui, dit-on, dépensait en frais de culte plus de 500 millions, faisait dire des messes pour tous ses sujets dont il apprenait la mort et qui faisait bâtir des couvents immenses, comme celui de Mafra, qui pourrait loger une armée entière.
Joseph Ier, qui régna après lui (1750-1777), était un monarque aussi faible et aussi médiocre que son prédécesseur, mais il eut le bon esprit de laisser les soins du pouvoir à l'illustre Pombal.
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