Marquis de Pombal |
Comme Louis XIII, il soutint son puissant ministre jusqu'à sa mort. Pombal essaya de relever son pays ; il ne recula devant aucune violence dans ce but. Sa tâche était immense, et il en fût venu à bout, s'il suffisait de la vie d'un homme pour rendre la vie à un peuple. Il protégea l'agriculture, réorganisa la marine, encouragea le commerce, restaura les finances, porta le dernier coup à l'aristocratie, amoindrit la puissance du clergé, chassa les jésuites et se servit de l'inquisition elle-même pour terrasser ses ennemis.
La liberté de conscience renaquit, et le peuple respira. L'influence anglaise fut menacée. Pour relever l'industrie nationale, Pombal n'hésita pas à frapper les marchandises venues de l'extérieur d'un droit de douane. Il créa de grandes compagnies auxquelles il donna des privilèges et suscita ainsi des plaintes de la part des négociants de Porto, qui tentèrent de le renverser par une révolte qu'il réprima avec une énergie impitoyable.
On sait quelle fut sa fermeté lors des désastres causés par le terrible tremblement de terre de 1755. Cette fermeté ne se démentit pas dans la lutte qu'il eut à soutenir contre la noblesse et le clergé. Il osa faire mettre à la torture et faire exécuter plusieurs membres des plus grandes familles, qui avaient formé un complot contre la vie du roi, dans l'espoir de se débarrasser du terrible ministre. S'attaquant aux jésuites, il montra une pareille rigueur ; il fit condamner le Père Malagrida, qui porta sa tête sur l'échafaud. Il restreignit aussi l'autorité du Saint-Siège en soumettant l'introduction et la publication de toute bulle ou bref à l'approbation royale.
Pour remplir son œuvre, Pombal avait dû s'emparer de toute l'autorité. Son pouvoir fut absolu, et même despotique, et il vécut entouré d'ennemis.
Aussi, à la mort de Joseph I (1777), fut-il disgracié par la reine dona Maria et exilé à la suite d'un procès qui lui fut intenté, et dans lequel il fut condamné comme coupable de lèse-majesté. Il laissait le Portugal dans un état prospère. Mais ses successeurs abandonnèrent sa politique et se laissèrent emporter à une réaction passionnée contre son œuvre. La noblesse, le clergé et l'inquisition reprirent la puissance qu'ils avaient perdue. La reine dona Maria, après un règne de vingt-deux ans, tomba en démence ; son fils Jean monta sur le trône et s'associa à la coalition européenne contre la République française. Les corsaires français ruinèrent, dans leurs courses, les colonies portugaises, qui perdirent plus de 200 millions en quelques années. L'Angleterre, qui avait reconquis toute son influence après la chute de Pombal, entraina le Portugal dans sa lutte contre la France, et vint tenir garnison à Lisbonne. Le Portugal devint alors presque une province britannique.
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