Le clergé 1820

Extrait du livre: Lisbonne et les Portugais, par Ollivier de La Blairie. 1820
Les soldats Portugais sont à peine vêtus et nourris; je n'ai vu que deux corps à Lisbonne qui fussent bien tenus: la garde royale de police et la légion Da Lorna. Tous les autres régiments d'infanterie avaient plutôt l'air d'un ramas de mendiants que d'une troupe militaire. La plus grande partie de ces malheureux soldats n'ont pas de souliers, et à peine leur reste-t-il quelquefois sur le corps quelques lambeaux de drap qui semblent avoir appartenu jadis à un uniforme. Ils sont maigres, chétifs, rabougris et défaits; les moines et les prêtres, au contraire, sont dodus et fleuris, ils marchent. la tête haute, le jaret tendu; ces derniers portent des chapeaux à trois cornes, à larges bords et retapés à peu près à la militaire, ce qui leur donne une mine tout-à-fait gaillarde et grenadière; aussi un étranger arrivant à Lisbonne, et voyant tous ces soldats d'un Dieu de paix arpenter les cafés d'un air fier-à- bras, pourrait s'y tromper, et prendre le prêtre et le moine pour le soldat guerroyant, et le véritable soldat pour le ministre du fils pacifique de Marie.
Au moral, la même différence se présente; les premiers prêchent l'humilité, la pauvreté, le pardon des injures, et bon gré, malgré, le militaire pratique ces vertus. Officiers et soldats prouvent leur pauvreté et leur humilité, en demandant la caristade., et témoignent leur charité chrétienne en pardonnant maintes et maintes avanies.
Les autres au contraire regorgent de richesses, et l'on a de nombreux exemples que la vertu du pardon n'est pas leur vertu favorite : on les a vu prouver aussi dans l'occasion que le courage et la résolution, ces qualités militaires, ne leur manquent pas non plus au besoin, et que sur cet article, comme sur les autres,

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