Défense du pont d'Amarante - Du 18 avril au 2 mai 1809 - Deuxième invasion napoléonienne au Portugal

Sylveira, en arrivant sur la Taméga, avait pour but de harceler l'armée française, et d'attirer à lui une partie de nos troupes; il retardait, par-là, l'entrée du maréchal Soult, dans la province du Beira; il donnait aux deux armées anglaise et portugaise le temps de concentrer leurs forces et de combiner leurs mouvements pour se porter contre nous.
Quelles que fussent les intentions de ce général portugais, il devenait urgent d'agir sans délai contre lui. Le général Delaborde, chargé de ce soin, avait sous ses ordres, indépendamment de sa division d'infanterie, les 2ème d'infanterie légère et 36ème de ligne, formant la brigade Sarrut ; toute la division Lahoussaye, dix pièces d'artillerie et deux détachements de sapeurs du génie, dont l'un était commandé par le capitaine Philippon, et l'autre par le lieutenant Tristondan.

Ces forces étaient plus que suffisantes pour battre les Portugais de Sylveira. Mais pour arriver à eux, il fallait vaincre de grandes difficultés et franchir la Taméga, dont les eaux sont très-rapides, et qui est très encaissée.
Le pont, qui sépare la ville d'Amarante du faubourg de Villa réal, est solidement bâti en pierres de taille.
Il était fortement barricadé; la culée de la rive gauche en était minée, un appareil avait été dressé pour mettre, au premier moment, le feu au fourneau, et pour faire sauter l'arche. Toutes les maisons du faubourg, qui donnaient sur ce pont, avaient été barricadées et crénelées; il en partait un feu vif et continuel.
L'entrée de la route de Villaréal était fermée par des fossés et des palissades. Entre les ressauts de la montagne, qui s'élève en arrière du faubourg de la rive gauche, les Portugais avaient construit trois batteries qui défendaient l'approche du pont et tiraient sur la grande rue par où on y arrive. L'armée de Sylveira était campée sur le sommet de cette montagne; il était impossible de l'aborder de front. Les Français s'étaient retranchés sur la rive droite.
Tous ceux d'entre eux, qui tentaient d'approcher du pont, étaient atteints par le feu de l'ennemi. L'aide-de-camp du général Loison, un officier du génie et le lieutenant Tristondan venaient d'être blessés mortellement. Le général Delaborde décida qu'il était trop dangereux de forcer le passage; il ordonna l'établissement d'un pont sur chevalets ; cet essai fut infructueux.
Le capitaine du génie Bouchard, arrivé d'Oporto pour juger de la nature des obstacles qui arrêtaient nos troupes, fut d'avis que le passage du pont était seul pratiquable.
« Il pensa qu'il
« serait facile de débarrasser le pont en brûlant
« ou coupant les palissades et la barrière du
 « milieu, et en faisant sauter le dernier retran-
« chement avec des barils de poudre dont l'ex-
« plosion détruirait l'appareil disposé pour mettre
« le feu à la fougasse; qu'alors, l'espace à fran-
« chir n'étant que de trente-cinq toises, les troupes qui seraient prêtes, faisant leurs mou-
« vemens immédiatement après l'explosion, on
« pourrait ne pas donner le temps de se recon-
« naître aux Portugais, qui seraient d'autant
« plus surpris, que pouvant à volonté couper le
« pont en faisant jouer la mine, ils se croyaient
« en parfaite sûreté. »
Le plan, conçu par le capitaine Bouchart, rencontra beaucoup d'oppositions et fut l'objet de vifs débats. Lorsqu'il était de la plus grande importance d'agir avec célérité, on perdait un temps précieux à des discussions prolongées. Ce ne fut que le 29 avril que le colonel Hulot, aide de camp du maréchal, arrivé du quartier-général, décida que le projet était bon, et l'appuya auprès du général Delaborde.
Il est à regretter que, dans de telles circonstances, le maréchal n'ait point quitté Oporto, dès qu'il eut appris l'entrée de ses troupes dans Amarante, et ne se soit rendu de sa personne sur la Taméga, afin d'imprimer aux opérations contre Sylveira la vigueur nécessaire.

Schart reçut l'ordre de tout préparer pour que le passage du pont pût s'effectuer le lendemain à la pointe du jour. A cet effet, toutes les troupes furent réunies dans la ville, et les sapeurs du génie furent placés dans le couvent, à l'entrée du pont. Les compagnies de carabiniers et de grenadiers des 2. me, 36. me, 70. meet 86. me régimens furent formées en bataillon et mises sous le commandement du colonel Saint-Clair.
Le général Delaborde arrêta les autres dispositions avec son habileté ordinaire. De la réussite des préparatifs du capitaine Bouchart, dépendait le succès de l'entreprise ; ces préparatifs commencèrent à huit heures du soir. Plusieurs sapeurs s'offrent pour aller placer les barils de poudre contre le dernier retranchement; cette opération difficile et périlleuse est terminée vers minuit avec une audace et une adresse admirables. Alors la fusillade de l'ennemi devient plus vive; elle est toute dirigée sur l'entrée du pont. A une heure, un autre sapeur va placer le saucisson destiné à mettre le feu aux barils de poudre; il revient sain et sauf.
Nos tirailleurs sont aussitôt retirés, et le feu des Portugais s'éteint insensiblement.
L'ennemi est dans une sécurité complète.
Vers les trois heures du matin, les Français sont sous les armes. La plus grande ardeur les anime; le maréchal a fait promettre la croix de la légion-d'honneur aux douze militaires qui passeraient les premiers : tous voudraient s'élancer à la fois. Dans ce moment, un brouillard épais s'élève sur la rivière et semble vouloir favoriser les projets d'attaque. A quatre heures, les ordres , impatiemment attendus , arrivent. Le feu est mis au saucisson ; l'explosion a lieu avec grand fracas, le retranchement est renversé et l'appareil détruit.
Notre artillerie tire quelques volées; la charge bat; les sapeurs, à la tête desquels marche le capitaine Bouchart, s'élancent, coupent, brisent les barricades, et, suivis des compagnies de grenadiers et des autres troupes, ils renversent à coups de baïonnettes les soldats ennemis qui veulent résister.
On enlève les batteries; tous les canonniers sont tués sur les pièces qui ont à peine fait une décharge. Les Portugais, surpris dans leur camp, n'ont point le temps de se former en bataille; ils sont culbutés et prennent la fuite dans le plus grand désordre.
Sylveira, logé dans une des maisons du faubourg que parcourent déjà les Français, se sauve presque nu, par la porte du jardin, et gagne la campagne; il échappe au juste ressentiment de nos troupes; le massacre des malades, laissés à Chaves, demandait vengeance! Les mouvements des Français sont prompts et rapides; dans l'infanterie, on a fait poser les havre-sacs ; aussi la poursuite était-elle des plus vives. Tout ce qui est pris les armes à la main, est tué; un grand nombre de moines, premiers fauteurs de l'insurrection, expirent sous les baïonnettes de nos soldats. Toute l'artillerie, cinq drapeaux, tous les équipages et bagages de l'armée portugaise tombent au pouvoir des vainqueurs. L'ennemi fait des pertes considérables.
Dans cette attaque audacieuse, nous n'avons que deux hommes tués et sept blessés.
Le chef de bataillon d'artillerie Hulot et le capitaine Bouchart furent désignés par le général Delaborde, comme ayant rendu de très-grands services; le colonel Saint-Clair, le chef de bataillon Duval, le capitaine de sapeurs Philippon, qui avait été blessé, et le lieutenant de voltigeurs Meunier, du 2ème léger, furent cités avec distinction.
On envoya au quartier-général le nom des douze soldats qui avaient passé le pont les premiers; nous doutons que ces braves aient jamais obtenu la flatteuse récompense qu'on leur avait promise et qu'ils avaient si bien méritée.
Après le passage du pont, le général Delaborde, avec sa division, avait pris position sur la hauteur.
Les Portugais s'étaient jetés dans les montagnes de la riva gauche; le général Loison les poursuivit jusqu'à deux lieues de Villaréal. Le général Foy, avec le 17ème d'infanterie légère et un régiment de dragons, fut envoyé, par la rive gauche, à Canavezes, afin de prendre les troupes ennemies à revers; il ne put les atteindre : elles avaient pris la fuite au plus vite, et avaient jetté leurs munitions et leurs canons dans la Taméga.
Notre cavalerie avait pénétré dans Villa réal que ses habitants avaient abandonné pour suivre Sylveira. Après s'être assuré que ce chef ennemi avait passé le Douro, le général Loison revint à à Amarante.

Campagne de Portugal. Souvenirs militaires du temps de l'empire, par un officier supérieur du deuxième corps. Tome Ier. 1841.




Pont et église São Gonçalo Amarante

église São Gonçalo Amarante
église São Gonçalo Amarante


Au cœur de la ville, en face de la rivière Tamega, de l’ancien pont et de l’église et son couvent de Saint Gonçalo, vous découvrez un immense et imposant palais du XIXe siècle aux intérieurs baroques et dorés,

Pont São Gonçalo Amarante

Pont São Gonçalo

Pont São Gonçalo

Pont São Gonçalo

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Rio Tâmega Amarante

Pont São Gonçalo Amarante


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