Forteresse d'Ormuz XVII siècle |
On voyait en effet afluer à Ormus toutes les richesses de l'Europe , de l'Asie et de l'Afrique, et les habitants, presque tous mahométans, étaient connus par leur amour du luxe et des plaisirs, ce qui ne les empêchait pas d'être bons soldats quand le besoin. l'exigeait. N'ayant avec lui que sept bâtiments et près de cinq cents Portugais, Albuquerque cingle vers le cap de Rosalgate. Il se présente devant Calajate, et cette ville lui ouvre ses portes. Curiate , plus fière réprouve le sort des armes ; la confiance qu'elle a dans ses propres forces cause sa ruine. Mascate pourrait, résister ; elle n'en plie pas moins sous le joug par la prudence de son gouverneur ; mais la nuit suivante deux mille Arabes entrent dans la ville et la soulèvent contre les Portugais.
Forte de Soar (Sohar) - Oman |
Ce n'était pas, disait-il, pour porter la guerre qu'il venait dans ce pays, mais pour lui offrir la paix ; qu'à la vérité on ne pouvait obtenir cette paix autrement qu'en se soumettant au roi de Portugal , mais que ce roi était si grand et si puissant qu'on était plus heureux de lui obéir que de commander des empires, et que si les habitants d'Ormus étaient assez aveugles pour mépriser ses offres, ils avaient tout à craindre de ses armes. Zeifadin qui occupait alors le trône ; mais trop jeune encore pour gouverner, il était sous la tutelle d'un eunuque nommé Atar, homme habile et ambitieux qui conduisait toutes les affaires. Celui-ci trouva étrange la proposition des Portugais ; mais il n'ignorait pas les grandes choses que ce peuple avait accomplies depuis peu en Afrique et aux Indes; et, d'un autre côté, il craignait que les mécontents du royaume ne profitassent de ces circonstances pour renverser le gouvernement. Il prit donc le parti de dissimuler; et, sans rien conclure, il renvoya le parlementaire avec une lettre et de magnifiques présents pour le général portugais. Albuquerque prit la lettre et refusa les présents, disant qu'il n'en accepterait pas avant de savoir s'il devait traiter le roi d'Ormus comme son ami ou comme son ennemi.
Ormus ou Ormuz 16ème siècle
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Il se dépêcha d'envoyer un parlementaire au général portugais pour lui représenter le déplorable état où se trouvait la ville d'Ormus et implorer sa merci. Albuquerque exigea que Zeil'adin se reconnût vassal de la couronne de Portugal et donnât dans la ville un emplacement pour y construire une forteresse, s'engageant de son côté, au nom d'Emmanuel, à prendre le roi d'Ormus sous sa protection, et à le défendre contre tous ses ennemis.
Afonso d'Albuquerque |
D'un autre côté, Atar avait soin qu'il manquât toujours quelque chose à ceux qui travaillaient à la citadelle , de sorte que l'ouvrage n'avançait que lentement. Cependant Albuquerque , dont le caractère était dur et sévère, voulait que les choses marchassent couramment, et sa rigidité déplut à un grand nombre d'officiers et de soldats qui auraient mieux aimé croiser que d'être employés comme de simples manoeuvres à un travail sans profit. Le général ne dit rien d'abord ; mais les mutins eurent l'audace de lui présenter une requête, dans laquelle ils le sommèrent d'abandonner le golfe Arabique et de reprendre le chemin de la mer Rouge, suivant les ordres qu'il avait reçus de la cour. Albuquerque prit le papier avec un sourire moqueur, et pour témoigner le cas qu'il en faisait, il l'envoya mettre sur-le-champ dans les fondements d'une des portes de la citadelle, qu'on appela depuis, par dérision , la porte de la Requête. Dans le même temps arriva l'ambassade que le roi de Perse avait coutume d'envoyer tous les ans pour prendre le tribut que lui payait la ville d'Ormus.
Albuquerque, à qui les ministres de Zeifadin vinrent aussitôt soumettre ce cas embarrassant, fit apporter un bassin plein de boulets et de fers de lances , et dit aux ministres avec une fierté pleine d'assurance et de noblesse : « Allez porter cela aux ambassadeurs du roi de Perse, et dites-leur que c'est le seul tribut que puissent lui payer les vassaux du roi mon-maître : si on le refuse, je saurai le faire accepter.» Cette fermete aigrit encore davantage les esprits des Portugais, et tout faisait craindre de leur part une révolte ouverte. Albuquerque, qui savait qu'Atar songeait à recommencer les hostilités, convoqua ses officiers, et après leur avoir représenté avec énergie les risques où ils s'étaient jetés par leur propre faute, il leur peignit avec des couleurs si vives les devoirs que leur imposaient l'amour du pays et leur propre sûreté, qu'il les fit tous rentrer dans l'obéissance. Il ordonna ensuite à tous les Portugais qui se trouvaient dans la ville, ou occupés aux travaux de la citadelle/de se rembarquer, et ils obéirent sur le-champ. Atar, qui avait espéré les prendre au dépourvu , fit sonner l'alarme ; mais il n'était plus temps : il fut obligé de se contenter de brûler un vaisseau que les Portugais avaient tiré sur les chantiers pour le réparer. Albuquerque canonna la ville pendant huit jours. Voyant que cela ne bâtait pas beaucoup le résultat, il prit le parti d'affamer la place, en faisant faire à ses vaisseaux une ronde continuelle autour de l'île et en capturant tous les bâtiments qui cherchaient à y porter des vivres ; car l'île n'est qu'un rocher nu et stérile. Il s'empara en outre de quelques puits, les seuls où les habitants pouvaient faire leur provision d'eau; mais comme il s'obstinait à placer une pièce d'artillerie sur une éminence voisine, il fut blessé et contraint de se rembarquer, laissant à ses capitaines, qui avaient désapprouvé l'entreprise, la joie maligne d'avoir eu raison dans cette occasion.
Peu habitués à ressentir les angoisses de la disette, les habitants d'Ormus étaient sur le point de se soulever contre Atar, qui souvent se voyait obligé de repousser à main armée la populace qui venait lui demander du pain ; et Albuquerque se flattait déjà d'être arrivé au but qu'il désirait, quand trois de ses capitales l'abandonnèrent honteusement, et firent voile pour l'Inde, ou ils le chargèrent auprès du vice-roi des plus noires calomnies.
Cette trahison le piqua au vif. Il n'en persista pas moins dans le dessein de forcer Ormus à se livrer à discrétion. Il envoya à Atar les cadavres de deux princes voisins qui, voulant pénétrer dans l'île, avaient été tués ; et lui fit dire qu'il enverrait dans le même état tous ceux qui tenteraient de lui porter secours. A la fin cependant, son courroux s'étant apaisé, il reconnut l'impossibilité où il était réduit de rien entreprendre de décisif, et il partit pour Socotora, où il arriva sur la fin de janvier 1508.
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