L'EXPANSION COLONIALE AU XVIe SIÈCLE Par Z. CONSIGLIERI PEDROSO


L'histoire du Portugal, depuis le milieu du XVe siècle jusqu'à la fin de la première moitié du xvie, représente véritablement l'histoire de la civilisation européenne dans ses meilleures espérances et dans ses résultats les plus élevés.
Vasco de Gama
C'est pendant ces cent ans que se font les découvertes les plus merveilleuses: Porto-Santo, dans les brumes de l'Atlantique, Malacca, les Moluques et le mystérieux Zimpango, dans les mers orientales; le Portugal, porte-étendard du monde civilisé, va, comme un dernier croisé dans la suprême bataille contre les superstitions du moyen âge, parcourant les mers, prenant, au nom de l'Occident, possession des continents, ouvrant de nouveaux chemins au commerce universel, se distinguant dans des luttes homériques contre le grand et traditionnel ennemi de la chrétienté, le musulman, qu'il écrase dans les mers de l'Inde et de Perse en tant de rencontres mémorables. Jamais la vie d'une nation ne s'est plus intimement confondue avec les destinées mêmes du monde que durant cette lumineuse période des découvertes portugaises, auxquelles est principalement due la révolution profonde que les conquêtes d'outre-mer ont opérée dans les habitudes et dans l'économie des nations modernes.


Les découvertes des Espagnols, les seules qui puissent, par leur étendue, être comparées à celles des Portugais, sont loin cependant d'avoir la même signification et une égale importance. Non seulement Colomb a emprunté des Portugais l'idée de rencontrer les Indes en naviguant toujours dans la direction de l'ouest, mais quand il s'est aventuré sur sa l'Océan n'était caravelle, déjà plus peuplé de fantômes ni parsemé des abîmes dangereux contre lesquels avaient lutté les marins sortis de Lisbonne à la recherche des mystères de la mer australe.


Caravelle de Vasco de Gama
L'illustre Génois est seul, isolé dans sa grandeur épique, tandis que Vasco de Gama est le dernier d'une pléiade de cent héros, depuis Vaz Teixeira et Gonsalvez Zarco jusqu'à Barthélomeu Dias, sans parler de l'infant dom Henrique.

L'oeuvre géographique du Portugal lui fut dictée par la logique même des choses, puisque du côté des royaumes chrétiens l'espace lui manquait pour étendre ses frontières.

Toute l'histoire portugaise durant la première dynastie peut se diviser en deux périodes: celle qui va d'Alfonse Henriques à Alfonse III, mort en 1279, fut entiè
rement occupée par les luttes avec la monarchie léonaise pour obtenir l'indépendance, et par les guerres avec les Maures pour conquérir le territoire jusqu'à l'acquisition de l'Algarve. La seconde période, qui s'étend jusqu'à l'avènement au trône de la dynastie des Aviz,en 1385,est l'époque de préparation dans laquelle se coordonnent et se renforcent les éléments qui, dansla période suivante, vont donner une nouvelle orientation à la politique portugaise.

Dom Diniz ou Denys jeta les premiers fondements d'une marine de guerre, engageant à cet effet le célèbre Génois Pezagno, auquel il conférait, avec le titre d'amiral, le commandement de l'escadre qu'il avait organisée (1317). Durant le règne de dom Affonso IV ou Alphonse IV (1325- 1357), il paraît bien qu'on organisa une première expédition aux îles Canaries, aux Afortunadas, comme on les appelait alors. Cependant le règne le plus fécond pour la politique maritime du Portugal fut celui de dom Fernando ou Ferdinand Ier (1345- 1373). Malgré des préoccupations de tout ordre, ce monarque continua de donner une grande impulsion au commerce et à la navigation, par la création des bourses et des assurances maritimes, ainsi que par les avantages qu'il accordait aux armateurs. Pour ces motifs, le règne de dom Fernando, bien que de nombreuses taches en fassent une des pages les plus sombres de l'histoire du Portugal, doit être considéré comme une introduction préparatoire à l'âge d'or des découvertes. Sans la législation due à ce roi, on comprendrait mal l'impulsion que reçut tout à coup la politique maritime du Portugal au commencement de la dynastie d'Aviz.

L'héroïsme des fils de dom Joâo Ier ou Jean Ier n'est pas suffisant pour l'expliquer, bien qu'il soit certain que sans ce groupe de princes unique dans l'histoire, principale- ment sans la volonté de fer de dom Henrique et sans la vaste science géographique de l'infant dom Pedro, les découvertes portugaises n'auraient pas pris un développement aussi extraordinaire. Les agitations qui signalèrent les derniers règnes de la première dynastie suspendirent pendant un certain temps les voyages maritimes, notamment au temps d'Alfonse IV Avec la seconde dynastie, le mouvement s'accentua et prit immédiatement de vastes proportions. Jean 1er s'empara de Ceuta en 1415.
Ce fut alors que deux de ses fils se mirent à la tête d'entreprises nouvelles.
Une place honorable vient sans doute au roi philosophe, dom Duarte ou Édouard, et au martyr qui sacrifia sa vie à la cause de la patrie, dom Fernando (Ferdinand), mais les deux grands promoteurs des découvertes furent l'infant dom Pedro et l'infant dom Henrique. L'infant dom Pedro ou Pierre, second fils de Jean Ier, fut un savant et l'un des plus grands humanistes de son temps; la majeure partie de sa vie se passa en voyages d'étude; il parcourut presque toute l'Europe; il alla en Egypte, aux lieux saints; il visita la cour du Grand Turc. Venise, connaissant son goût pour les choses géographiques, lui offrit un exemplaire de Marco Polo. De retour en Portugal, dom Pedro utilisa les énormes matériaux d'expériences et d'investigations qu'il avait récoltés pour exercer une influence prépondérante dans l'orientation des expéditions d'outre-mer que projetait son frère. Ses conseils contribuèrent beaucoup au succès des premières tentatives.
Le jour où l'infant dom Henrique méprisa ses prudents avis, il en fut puni par ce désastre de Tanger qui faillit compromettre l'avenir de la navigation portugaise. L'infant dom Henrique ou Henri le Navigateur, troisième fils de Jean Ier, né à Porto en 1394,fut un véritable halluciné, sacrifiant tout ce qui pouvait s'opposer à la réalisation de son idéal; sa vie est le meilleur exemple de ce que peuvent la ténacité et la persistance mises au service d'une idée.
Ce rêveur fanatique devenait terrible quand il s'agissait de la réalisation de ses desseins. Pour ne pas perdre Ceuta, base du futur empire colonial, il s'opposa au rachat de son frère, Ferdinand, dit le prince constant, tombé entre les mains des Maures; plus tard, il abandonna à Alfarrobeira son autre frère, le régent, le grand infant dom Pedro, le dévoué conseiller de ses premières entreprises, soit parce que celui-ci ne pouvait plus lui être utile, soit parce qu'il lui avait fait une certaine opposition dans l'exécution de certains projets téméraires.
Il fut inflexible envers tout le monde, même envers lui, et l'on peut dire qu'il fut la première victime sacrifiée en holocauste à la victoire de ses grandes idées, mais il donna au Portugal l'empire de nouveaux pays et à l'Europe la domination incontestée de l'Océan. Ce fut très probablement en 1418 ou 1419 que l'infant dom Henri que se fixa à Sagres, près du cap Saint-Vincent, pointe extrême de l'Europe. Dans ce point il installa une école nautique et un observatoire; ce fut aussi à cette époque que commencèrent les premières découvertes.


Caravelle portugaise
En 1418, Gonsalvez Zarco et Tristam Vaz Teixeira furent rejetés par une tempête sur l'île de Porto-Santo, près de Madère.En 1419,ils débarquèrent à l'île de Madère ou de Lenhame, nom qui lui fut donné à cause des énormes forêts qui la couvraient.
La colonisation de ces îles commença immédiatement et prospéra vite, le climat étant semblable à celui du Portugal. En 1422, les Portugais doublèrent le cap Nâo, le Noun des géographes arabes, ainsi nommé en souvenir de la légende du moyen âge d'après laquelle le peuple s'imaginait que ce cap marquait l'extrême limite de la terre. En 1432, Gonsalvez Velho Cabral arrive à l'île de Santa-Maria qui appartient au groupe des Açores, île qui semble déjà avoir été découverte par les Portugais pendant le règne d'Alphonse IV. En 1434, Gil Eannes double le cap Bojador, la deuxième et la plus forte barrière que la superstition populaire élevait devant les navigateurs lusitaniens.
Au delà de ce cap commençaient, selon la croyance même des plus éminents cosmographes, les dangers et les abîmes de la mer Ténébreuse; là encore commençait la zone torride, avec toutes les horreurs dont on trouve l'expression dans Ptolémée; de l'autre côté de la mer Ténébreuse se trouvait la Terra Antichthona,mais cette mer était pleine d'horribles mystères.
Ces légendes absurdes, qui paralysèrent pendant des siècles l'action maritime des nations européennes, Gil Eannes les effaça par sa traversée audacieuse. Dorénavant la mer australe était libre, les navigateurs pouvaient y continuer leur route dans la direction de l'Inde, considérée comme le but suprême à atteindre. En 1436, Alphonse Gonsalvez Baldaya découvre le Rio do Ouro. La même année eut lieu la désastreuse tentative faite contre Tanger par don Henri qui laiss a aux mains des Maures son frère don Fernand. En 1441, Nuno Tristam arrive au cap Blanc, et, en 1445, jusqu'à la Sénégambie. Puis, on découvre les îles du Cap-Vert, la côte de Mina, les îles de San Thomé et du Prince. Les explorations portugaises sur la côte d'Afrique et dans les îles océaniques s'étaient ainsi étendues plus ou moins jusqu'au 12° de latitude nord, lorsque l'infant dom Henrique mourut, en 1460. L'année précédente, il avait reçu la magnifique mappemonde de Fra Mauro, éditée à Venise et où se trouvait indiquée, pour la première fois, la véritable situation de l'Abyssinie. Ce fut une vision du légendaire empire du Preste Joâo (Prêtre Jean\ qui lui apparut à la dernière heure comme un rayonnement de cette Inde prête à surgir des eaux pour récompenser le courage et la ténacité des marins portugais. Même après la mort de l'infant les découvertes continuèrent grâce à l'impulsion qu'elles avaient reçue de ce grand initiateur.
En 1471, Jean de Santarem et Pedro de Escobar passèrent l'équateur et s'avancèrent jusqu'au cap Sainte-Catherine. Pour la première fois les Portugais pénétrèrent dans l'hémisphère austral. Jusqu'alors les voyages des Portugais n'avaient été, pour ainsi dire, que de simples reconnaissances, malgré la conquête de la mer Ténébreuse.
En 1481monta sur le trône Jean II, le plus grand roi de la seconde dynastie et peut-être le plus grand du Portugal. Les études nautiques acquièrent une nouvelle vigueur; il se forme un comité spécial duquel font partie deux juifs, maître Joseph et maître Rodrigue, médecins du roi, ainsi que le célèbre cosmographe de Nuremberg, Martin Béhaim ou de Bohémia, élève du savant mathématicien Regiomontanus. Ce comité devait s'occuper de tous les problèmes scientifiques relatifs aux entreprises que projetait Jean II; il s'occupa également de trouver des procédés scientifiques propres à orienter les navigateurs, par exemple le moyen de mesurer la hauteur du méridien du soleil au-dessus de l'horizon et la construction d'appareils convenables à de longs voyages. Les résultats de cette activité ne se firent pas attendre. Diogo Cam et Diogo d'Azambuja explorèrent minutieusement toute la côte africaine et découvrirent la Guinée, l'Angola, et le Benguéla. Pierre de Covilham et Alphonse de Paiva partirent pour l'Égypte, afin d'y chercher des éclaircissements sur l'Abyssinie, que l'on disait gouvernée par le mystérieux Prêtre Jean et pour s'informer du chemin à suivre pour parvenir dans l'Inde.
En 1487, Barthélémy Diaz atteignit le point extrême de l'Afrique, le légendaire cap des Tourmentes, auquel on donna depuis, par euphémisme, le nom de Bonne-Espérance, parce que, doublé ce cap, s'étendait désormais libre et sans obstacle le chemin de l'Inde, que Jean II, le grand continuateur de l'infant dom Henrique, ne put jamais saluer, puisqu'il mourut en 1495. Son successeur dom Manuel, le Fortuné, cueillit les lauriers préparés par les grands travaux du règne antérieur : il n'eut qu'à donner l'ordre du départ au chef désigné de l'expédition, Vasco da Gama.

Alvarez Cabral
Vasco da Gama partit le 7 juin 1497. Il fit relâche à Sainte- Hélène, doubla le cap en novembre et, le jour de Noël, s'arrêta à un point de la côte auquel il donna le nom de Natal. La flottille monta vers le nord, fut assaillie par la tempête, passa au large sans voir Sofala, et put relâcher à l'embouchure du Zambèze. Vasco da Gama fut accueilli avec défiance à Mozambique et à Mombaza, puis, étant parti de Mélinde le 12 avril 1498, il aborda le 20 mai à Calicut.
Le premier voyage de ce grand marin, qui fut en même temps un guerrier et un habile diplomate, constitue la page la plus dramatique de l'histoire des découvertes. Rien ne manqua pour élever la première traversée de l'Inde à la hauteur d'un succès vraiment épique. Tout conspire contre Gama, les hommes et les éléments. Aux dangers du passage du cap des Tourmentes s'ajoutent les tempêtes qui assaillent les vaisseaux et les courants du canal de Mozambique, et non seulement l'équipage est indiscipliné, mais encore le navigateur doit triompher de la trahison des Maures de Mombaza, des intrigues du Zamorin, nom qu'on donnait au radja de Calicut, et de la guerre d'abord sourde, puis ouverte, des Arabes de cette ville. Mais il est victorieux! Le chemin maritime de l'Inde est découvert : Calicut, Cananor et les autres places des côtes de Malabartombent toutes entre les mains des escadres portugaises. Le retour dans le royaume, en septembre 1499, fut une véritable entrée triomphale, attristée par la mort du frère du héros, Paul,. le compagnon dévoué et le conseiller de tous ses voyages. Le roi Manuel nomma Vasco da Gama amiral de la mer des Indes, en lui conférant le droit de faire du commerce pour son compte dans les parages découverts par lui.

Entre le premier et le deuxième voyage de Gama se place la découverte du Brésil, en 1500, par l'escadre d'Alvarez Cabral. On a émis l'opinion que cette découverte était due au hasard : les navires de Cabral auraient été jetés sur la côte brésilienne par les courants océaniques, ou bien une tempête violente lança les galères qui croyaient voguer vers les Indes sur l'hémisphère sud-américain. La vérité est que la découverte des terres de Santa- Cruz, comme Cabral les nomma, fut le résultat d'un plan mûrement réfléchi par le roi Manuel et par ses conseillers. Cabral était parti de Lisbonne en prenant ostensiblement une autre direction pour ne pas se mettre en contradiction avec le traité de Tordesillas conclu en 1494 sous la médiation du pape Alexandre VI et aux termes duquel il avait été convenu que tous les pays découverts au delà d'une ligne tracée à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert appartiendraient à l'Espagne, tout ce qui était à l'est de cette ligne devant former le lot du Portugal.
Le traité solennel existant entre les deux pays fut ainsi tourné; de là la fameuse légende des courants océaniques et des tempêtes. L'escadre de Cabral eut encore le temps d'aller aux Indes châtier le Zamorin et d'incendier une flotte de Maures. Ce fut le prologue de l'établissement de la première factorerie commerciale sur les côtes de Malabar. A partir de ce moment les expéditions aux Indes se succédèrent régulièrement, chaque fois plus importantes.


Le second voyage de Vasco da Gama


Le second voyage de Vasco da Gama fut déjà une expédition militaire en forme. L'amiral partit avec quinze vaisseaux en février 1502; son neveu, Estevam da Gama, suivit en avril avec cinq autres navires. Les chefs indigènes furent obligés de reconnaître l'hégémonie du Portugal; les navires marchands des Arabes, arrêtés par les navires portugais; les escadres maures de la mer Rouge,du golfe de Perse, de la mer des Indes, pris et détruits. Un fort élevé près de Cochin fut le premier noyau militaire de l'empire que la bravoure d'Edouard Pacheco, de François d'Almeida et surtout d'Alphonse d'Albuquerque allait édifier en quelques années, à l'étonnement du monde. Il n'y a pas, en effet, dans l'histoire d'exemple de si rapides agrandissements. Et il est à noter que le grand empire commercial des Portugais dans la première moitié du XVIe siècle représente une triple victoire, remportée en même temps sur la mer, sur la résistance des princes indiens, perses et malais, dans le territoire desquels il fut indispensable d'établir des places fortifiées, finalement contre la formidable coalition des musulmans, des marchands arabes et des républiques italiennes, Venise en tête, dont les intérêts étaient menacés, et qui firent une guerre sans trêve d'abord aux établissements, puis à la consolidation de la domination portugaise dans les mers orientales. Alphonse d'Albuquerque fut le véritable fondateur de l'empire d'outremer.

Les délégués du roi Manuel, dans l'Inde, avaient dû déjà combattre les musulmans. Dom François d'Almeida, durant les trois années de son gouvernement, dut fortifier Quiloa, Mombaza et les îles Angedivas; il termina sa glorieuse administration par la grande bataille de Diu, en février 1509,qui assura définitivement la prépondérance des Portugais aux Indes. Le plan d'Albuquerque fut très osé et le résultat vint confirmer l'exactitude de ses prévisions. Pour consolider la domination portugaise sur les Indes et sur les mers orientales, il était indispensable d'occuper les points stratégiques qui étaient les portes naturelles de ces mers. Albuquerque n'hésita pas: il se tourna vers l'occident pour prendre à l'iman de Mascate l'île de Socotora, clef du passage de Bab-el-Mandeb, et au roi de Perse même la ville d'Ormuz. Puis il se dirigea vers l'orient, fit le siège de Malacca, la sentinelle du détroit par où passait tout le commerce des Moluques et de la mer de la Sonde.

Avec la ville de Goa au centre, d'un côté Ormuz et de l'autre côté Malacca,l'empire d'outre-mer des Portugais était définitivement fondé. Mais les voyages d'exploration continuèrent avec une nouvelle vigueur, jusqu'au moment où il ne resta plus rien à découvrir dans les mers lointaines. Du côté de l'Amérique, des Indes orientales, comme on disait, les Portugais explorèrent les côtes du Brésil, prenant par le fait possession de vastes territoires où, depuis, ils fondèrent la plus prospère de leurs colonies. En 1500, Corte real découvrit Terre-Neuve et la partie méridionale du Groenland. Du côté de l'Asie occidentale, les Portugais explorèrent en 1530 le golfe Persique, et en 1541, avec Estevam da Gama et Jean de Castro, la mer Rouge.
En Afrique, ils explorèrent la côte orientale, pénétrant sur une distance d'une cinquantaine de lieues vers l'ouest de Sofala, et arrivant jusqu'aux terres de Manica, dont ils découvrirent les mines d'or dont parle Jean de Barros.
 Peu satisfait du voyage de Pierre de Covilham en 1486, le roi de Portugal envoya, en 1520, de nouveaux ambassadeurs chez le Négus. La description du pays, publiée plus tard par un des ambassadeurs, fit connaître pour la première fois l'Abyssinie à l'Europe et donna en même temps des informations sur le fameux Prêtre Jean. Mais les découvertes continuèrent surtout avec une grande activité dans l'extrême Orient. En 1511, après la prise de Malacca par Alphonse d'Albuquerque, François Serrâo et Antoine d'Abreu partirent avec trois navires pour explorer les Moluques; ils découvrirent Java, Banda, Amboine et Madura.

 En 1526, Georges de Menezes découvrit la Nouvelle-Guinée. Puis ce fut le tour de Sumatra, de Bornéoet des îles de la Sonde; enfin les Portugais s'avancèrent jusqu'à l'Australie, dont l'existence nous est connue depuis cette époque.
En 1517, Perez d'Andrade arriva aux îles de Poulo-Condor.

En 1520 et 1521, après avoir touché à Canton, des ambassadeurs furent envoyés à Nankin et à Pékin; les Portugais se fixèrent quelques années plus tard à Macao. En 1542, le voyageur et aventurier Fernan Mendez Pinto découvre l'archipel du Japon, qui est visité en 1549 par l'apôtre des Indes, saint François-Xavier.
En 1520, Fernao de Magalhàes (Magellan)arrive au détroit qui porte aujourd'hui son nom, sur le point méridional de l'Amérique, et la Terre de Feu est dépassée; il ne put effectuer complètement ce premier voyage de circumnavigation, car il fut assassiné dans l'île de Cébu, une des Philippines.

L'époque des découvertes était close, et avec elle l'une des pages les plus brillantes de l'histoire universelle. Pendant les cent ans qui vont de la moitié du XVe siècle jusqu'à la moitié du XVIe,le Portugal, infatigable ouvrier du progrès, s'est couvert de gloire, non pas tant pour avoir vaincu dans mille combats sanglants contre les hommes, mais pour avoir triomphé des éléments de la nature, et fait entrer les richesses de l'extrême Orient dans la circulation universelle.

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