Tristan da Cunha - Tristão da Cunha (1460-1540)

Navigateur portugais du XVIe siècle.

Le 6 mars 1506, seize bâtiments quittaient Lisbonne sous le commandement de Tristan da Cunha, alors revenu à la santé. Avec lui partait Alphonse d'Albuquerque, emportant sans le savoir sa patente de vice-roi de l'Inde. Il ne devait ouvrir le pli cacheté qui lui avait été remis qu'au bout de trois ans, lorsqu'Almeida serait arrivé au terme de sa mission.
Cette nombreuse flotte, après avoir relâché aux îles du cap Vert et reconnu le cap Saint-Augustin, au Brésil, s'enfonça résolument dans les régions inexplorées du sud de l'Atlantique, si profondément, disent les anciennes chroniques, que plusieurs matelots, trop légèrement vêtus, moururent de froid, tandis que les autres avaient peine à exécuter les manoeuvres. 
Par 37° 81 de latitude sud et par 14° 21' de longitude ouest, da Cunha découvrit trois petites îles inhabitées, dont la plus grande porte encore son nom. Une tempête l'empêcha d'y débarquer et
dispersa si complétement sa flotte qu'il ne put réunir ses bâtiments qu'à Mozambique.
En remontant cette côte d'Afrique, il reconnut l'île de Madagascar ou de Sam-Lorenço, qui venait d'être découverte par Soarès à la tête d'une flotte de huit vaisseaux que d'Almeida renvoyait en Europe, mais il ne crut pas devoir y fonder d'établissement.
Après avoir hiverné à Mozambique, il débarqua à Mélinde trois ambassadeurs qui, par l'intérieur du continent, devaient gagner l'Abyssinie; puis, il mouilla à Brava, dont Coutinho, un de ses lieutenants, ne put obtenir la soumission. Les Portugais mirent alors le siège devant cette ville, qui résista héroïquement, mais qui finit cependant par succomber, grâce au courage et à l'armement perfectionné
de ses adversaires. La population fut massacrée sans pitié et la ville livrée aux flammes.
A Magadoxo, toujours sur la côte d'Afrique, da Cunha essaya, mais en vain, d'imposer son autorité. La force de la ville, dont la population nombreuse se montra très-résolue, ainsi que l'approche de l'hiver, le forcèrent à lever le siège Il tourna alors ses armes contre l'île de Socotora, à l'entrée du golfe d'Aden, dont il emporta la forteresse. Toute la garnison fut passée au fil de l'épée ;
on n'épargna qu'un vieux soldat aveugle qui avait été découvert caché dans un puits. A ceux qui lui demandaient comment il y avait pu descendre, il avait répondu: « Les aveugles ne voient que le chemin qui conduit à la liberté. »
A Socotora, les deux chefs portugais contruisirent le fort de Çoco, destiné, dans l'esprit d'Albuquerque, à commander le golfe d'Aden et la mer Rouge par le pas de Bab-el-Mandeb; à couper, par conséquent, une des lignes de navigation les plus suivies de Venise avec les Indes.
C'est là que se séparèrent da Cunha et Albuquerque; le premier se rendait aux Indes pour y chercher un chargement d'épices; le second, officiellement revêtu du titre de capitam môr et tout entier à la réalisation de ses vastes plans, partait le 10 août 4507 pour Ormuz, après avoir laissé dans la nouvelle forteresse son neveu, Alphonse de Noronha. Successivement, et comme pour se faire la main, il prit Calayate, où se trouvaient d'immenses approvisionnements, Curiate et Mascate, qu'il livra au pillage, à l'incendie et à la destruction, afin de se venger d'une série de trahisons bien compréhensibles pour qui connaît la duplicité de ces populations.

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