Pero de Covilha Pedro or Pêro da Covilhã, ou encore Pierre de Covilham (1460-1526) - Alphonse de Paiva

 (...) Les portugais qui les premiers avaient, par les soins du prince Henri, dirigé leurs efforts de ce côté, ne purent voir, sans jalousie, le fruit de leurs recherches profiler aux Espagnols. 
Ils voulurent se dédommager, en poursuivant avec plus d'activité que jamais leurs découvertes surles côtes d'Afrique, dans l'espoir de passer au sud du continent et de pénétrer dans l'Inde ou dans le royaume d'Abyssinie, dont ils avaient eu quelque notion par les relations qu'ils entretenaient avec les Maures ....L'existence de ce royaume, où régnait un prince chrétien, ayant été confirmée par Pierre de Covilhã, parti, en 1487, pour les Indes par la mer Rouge avec Alphonse de Paiva, ce dernier eut ordre de se diriger vers l'Abyssinie. Au retour de ce voyage, Païva fut arrêté au Caire par la maladie et y mourut. 
Covilhã, qui pendent ce temps visitait Goa, Cananor, Calicut et prenait connaissance de la cote de Sofala, dans le canal de Mozambique, trouva au Caire le récit du voyage de Païva qu'il envoya au Portugal avec le récit de celui qu'il avait fait lui-même. 
Il descendit une seconde fois la mer Rouge, se rendit à Ormuz et pénétra enfin en Abyssinie, où il fut retenu pendant vingt ans. Non-seulement il ne revit pas sa patrie, mais le récit de ses aventures, les incidents de son séjour ne purent franchir les frontières soigneusement gardées de l'Abyssinie, dont l'organisation  sociale et les traditions historiques ne furent pas plus connues que par le passé.
Mais si ce second voyage de Covilhã ne porta d'autres fruits que de stimuler le zèle de ses contemporains, il n'en avait pas été de même du premier dont le plan très sage pouvait servir aux navigateurs qui lui succédèrent, pendant que les connaissances qu'il procura achevèrent de persuader de l'importance de trouver l'entrée de la mer des Indes. Si toutefois on parvenait à tourner le continent d'Afrique.
On connaissait, en effet, et grâce à lui, dans l'Inde de grandes villes riches et commerçante et l'on ne pouvait plus douter que sur la côte occidental  d'Afrique, non loin des lieux où l'on pourrait pénétrer dans la mer des Indes, il y eût des peuples commerçants chez lesquels il serait possible de se ravitailler et de prendre des guides pour aller plus loin ....

Aucun obstacle ne serait donc plus semblait-il, retarder le moment de franchir les frontières soigneusement gardées de l'Abyssinie, dont l'organisation sociale et les traditions historiques ne furent pas plus connues que par le passé. ·

Les Portugais étaient d'autant plus désireux d'arriver à un résultat qui ouvrirait des voies nouvelles à leur commerce, à leur industrie, à tout l'ensemble en un mot de leurs connaissances, que jusque-là, en effet, ils n'avaient rencontré dans les vastes étendues des côtes occidentales de l'Afrique, objets depuis un siècle de leurs explorations, que des hordes sauvages qui leur présentaient avec une égale indifférence leurs trésors pour quelques bagatelles d'Europe ou leurs enfants pour quelques pièces de monnaie.
Sur ces plages lointaines, point de villes florissantes, de monuments superbes, de nombreuses armées ; point de ces raffinements du luxe ou de ces fêtes somptueuses par lesquelles la demi-civilisation asiatique sait éblouir le conquérant et le voyageur.

Ces explorations n'avaient pas laissé cependant que de procurer à l'Europe de sérieux avantages; sur ce sol habité par des hommes grossiers et barbares, la nature se montrait fréquemment riche et féconde. Les Européens y voyaient pour la première fois, les productions du tropique, et rapportaient dans leur patrie de nouvelles semences et des collections précieuses. C'est de cette époque que nous pouvons faire dater nos premières notions sur la botanique et l'histoire naturelle.

Quand les navires portugais abordèrent pour la première fois les rives africaines, les noirs, qui n'avaient jamais rien vu de semblable, crurent voir d'énormes oiseaux fendant les airs à l'aide de leurs immenses ailes blanches. Les matelots ayant plié les voiles, les naturels s'imaginèrent que ces monstres inconnus appartenaient à l'espèce des poisson:
enfin, les voyant s'avancer vers eux avec la rapidité la flèche, ils furent convaincus que ces merveilleuses machines étaient mises en mouvement par des esprits vagabonds et malfaisants, dont l'apparition était le signe et le prélude de grandes calamités.
Cependant, l'appât du gain modérant bientôt leur frayeur, on parvint à établir avec eux un commerce réglé.
L'Afrique leur offrait un commerce régulier avec les peuples du Sénégal, de Tobrouk et de Tombouctou. Ils pouvaient se procurer par ce canal de l'or, des esclaves et de l'ivoire qu'ils échangeaient avec les noirs contre des objets de très-mince valeur, mais qui plaisaient à ces tribus. 
Une princesse noir, ignorant également les somptuosités du luxe asiatique, se paraît de grains de verre avec autant d'orgueil que si elle eût placé sur ses épaule une rivière de diamants. 
Le miroir qui lui retraçait ses charmes n'était pas moins recherché ; les hommes, dans leur échanges, ne se montraient pas plus exigeants.
Maître  absolus de ce lucratif commerce, possédant déjà un comptoir à Ouaden et plusieurs forteresses sur la côte de Guinée, il ne restait plus aux  Portugais qu' à franchir le cap des tempêtes; mais cet obstacle terrible  épouvantait les  plus braves et rendait timides les marins les plus déterminés.
Sur ces entrefaites, Emmanuel ler, cousin et successeur de Jean II, voulut inaugurer son avènement au trône par une nouvelle expédition capable de réaliser les vœux de la nation qui demandait hautement qu'on tentât enfin de découvrir le chemin des Indes. Parmi les navigateurs à qui une tâche aussi importante pouvait être confiée, Vasco de Gama tenait un des premiers rangs et c'est un titre d'honneur pour Emmanuel que d'avoir su distinguer le mérite de celui dont les brillants exploits devait consoler le Portugal de la perte du Nouveau monde.
Contemporain de Christophe Colon, Gama peut soutenir le parallèle avec cet illustre navigateur et contrebalancer sa réputation. 
La nature semblait avoir pris plaisir a les former l'un et l'autre pour l'expédition des grandes choses auxquelles ils étaient destinés. (...)
Résumé des voyages: découvertes et conquêtes des Portugais en ..., Volume 1 Par Mme. H. Dujarday


(...)Les résultats de cette activité ne se firent pas attendre. Diogo Cam et Diogo d'Azambuja explorèrent minutieusement toute la côte africaine et découvrirent la Guinée, l'Angola, et le Benguéla. Pierre de Covilham et Alphonse de Paiva partirent pour l'Égypte, afin d'y chercher des éclaircissements sur l'Abyssinie, que l'on disait gouvernée par le mystérieux Prêtre Jean et pour s'informer du chemin à suivre pour parvenir dans l'Inde. En 1487, Barthélémy Diaz atteignit le point extrême de l'Afrique, le légendaire cap des Tourmentes, auquel on donna depuis, par euphémisme, le nom de Bonne-Espérance, parce que, doublé ce cap, s'étendait désormais libre et sans obstacle le chemin de l'Inde, que Jean II, le grand continuateur de l'infant dom Henrique, ne put jamais saluer, puisqu'il mourut en 1495. Son successeur dom Manuel, le Fortuné, cueillit les lauriers préparés par les grands travaux du règne antérieur (...)
Le Portugal géographique, ethnologique, administratif, économique, littéraire, artistique, historique, politique, colonial, etc., par MM. Brito Aranha, Christovam Ayres, Teixeira
Bastos, Daniel Bellet, Cardozo de Bethencou.... 1900.

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