Henri le Navigateur - don Henri - Infante D. Henrique

D. Henrique, Infante de Portugal (1394-1460)


Sous le règne de Jean Ier, le Portugal fit une descente en Afrique ; une flotte de 200 vaisseaux vint faire le siège de Ceuta, qui tomba après un mois de résistance (1415). L'île de Madère venait d'être découverte par deux navigateurs portugais (1419) ; cette découverte devait être suivie de celle des Açores(1431). Edouard Ier avait succédé à Jean. Sous son règne, le cap Bojador, qui fut longtemps la limite de la navigation sur la côte africaine baignée par l'Atlantique, fut franchi.
Le Portugal fut moins heureux dans une nouvelle expédition dirigée contre Tanger, dans le Maroc : ce fut un désastre ; le roi dut laisser un de ses frères comme otage entre les mains des musulmans. Alphonse V, son successeur, plus habile, s'empara d'Alcazar (1458), de Tanger et d'Arzila (1464-1471). Ces conquêtes lui valurent le surnom d'Africain. Mais en Europe sa gloire se ternit; il voulut intervenir dans les démêlés qui avaient lieu en Castille entre le roi Henri IV et sa sœur Isabelle. Isabelle avait fait déposer son frère et avait été proclamée reine.

Alphonse V lui déclara la guerre, mais, vaincu à la bataille de Touro (1476), il chercha vainement des alliés, implora l'aide du roi de France Louis XI, vint même à sa cour, mais sans rien obtenir, et finit par mourir de consomption (1481), laissant à son fils, Jean II, le royaume dans un triste état. « Mon père, disait ce prince, ne m'a laissé pour tout royaume que des routes et des chemins. » Les progrès de la navigation s'étaient ralentis sous son règne ; cependant le Sénégal, la côte de Guinée et le Cap-Vert avaient été découverts.

L'infant don Henri était mort, mais l'œuvre qu'il avait créée devait porter des fruits magnifiques sous le règne suivant. Sa pensée lui survécut dans les grands hommes qui lui donnèrent bientôt un corps en suivant et en élargissant la route dont il avait creusé le premier sillon.

Heureux Portugais, ils eurent dans le fils d'Alphonse V, Jean II, un « Prince parfait ». Tel est le titre que l'histoire lui donne. Ce titre serait mérité, sans la rigueur qu'il montra au début de son règne. Jean II agrandit le pouvoir de la royauté en s'appuyant sur le peuple pour abaisser la noblesse.

Les nobles tentèrent de résister pour conserver les privilèges que leur avait laissé prendre le souverain précédent. Jean fut impitoyable : le duc de Bragance fut exécuté ; il tua de sa propre main le duc de Viseu.

Il fut cruel dans la répression et ne montra aucune générosité. Mais le peuple ne pouvait que lui savoir gré de poursuivre avec une semblable rigueur la destruction de la féodalité, qui l'opprimait de sa tyrannie, de ses violences et de ses exactions. Une fois, d'ailleurs, cette œuvre politique accomplie, Jean II se montra un grand roi, soucieux de ses devoirs à l'égard de la nation.

Son administration fut juste, éclairée, bienfaisante.

Pendant les quatorze années que dura son règne la marine portugaise marcha à pas de géant dans la voie des découvertes. Le Congo fut atteint en 1484 ; en 1486 le cap de Bonne-Espérance fut doublé et devint la route des Indes, où les Portugais devaient s'établir en 1498. Ce fut à cette époque que Lisbonne recueillit les vaisseaux de Christophe Colomb (1493), à son retour d'Amérique. Jean II traita le grand navigateur avec distinction. La fin du règne de ce grand prince fut attristée par une peste terrible qui éclata dans la capitale. Sa mort, survenue en 1495, fut un deuil public. Ce prince était un caractère. « L'homme est mort, » dit Isabelle la Catholique en apprenant sa fin. Ce mot dit dans quel respect Jean II était tenu par ses contemporains, et quelle justice ils rendirent à ses brillantes qualités. Il avait beaucoup de fermeté, un grand esprit d'équité ; il ne lui manqua que la clémence, qui est peut-être la plus belle vertu chez un roi.

Le fils du roi, l'infant Alphonse, étant mort avant son père, la couronne échut au plus proche parent, qui était le frère de ce duc de Viseu que Jean II avait lui-même poignardé. Emmanuelle Fortuné fut le nom de ce prince, qui continua les traditions de son prédécesseur et recueillit les fruits de son administration intelligente. C'est sous son règne que les Portugais s'établirent aux Indes orientales sous la conduite de ces grands hommes qui portèrent ces noms illustres : Vasco de Gama, Cabral, Albuquerque. Ils y eurent bientôt un immense empire, qui s'accrut encore sous le successeur d'Emmanuel, Jean III. Sous ce prince, le Brésil, découvert depuis un demi-siècle, fut rapidement colonisé, et les premiers établissements qui y furent fondés arrivèrent bientôt à un grand degré de prospérité. Les Portugais possédaient dans le monde plus de 5 000 lieues de côtes. Leur puissance était cependant sur son déclin : à peine fut elle arrivée à son apogée que les premiers signes de décadence éclatèrent. C'est dans les Indes que les premiers coups devaient être portés à leur grandeur.

Jean III eut le triste honneur d'introduire l'inquisition en Portugal ; la piété de ce prince était exagérée, elle devait être funeste à ses sujets. Son fils Sébastien fut, comme lui, sous l'influence des jésuites : l'inquisition fleurit sous son règne, elle s'établit dans les colonies, ajoutant un nouvel élément de destruction à ceux qui existaient déjà. L'empire des Indes périclitait ; le royaume allait lui-même bientôt succomber.
Jean III avait abandonné quelques places dans le Maroc, mais conservé Tanger, Ceuta et Tétouan.


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