1711 Bataille de Rio de Janeiro.

 Duguay Trouin s’empare de Rio de Janeiro

Prise de Rio de Janeiro par Duguay Trouin – 1711

Au bout de deux mois l'escadre était prête ; le départ eut lieu le 3 juin 1711. Le 8, l'expédition arrivait à La Rochelle, où elle s'incorporait deux traversiers à bombes et deux frégates de Saint-Malo. Le 9 juin, tous les navires mirent ensemble à la voile, à l'exception de l'Aigle, « qui avait besoin d'un soufflage pour être en état de tenir la mer ». A ce dernier DUGUAY-TROUIN donna rendez-vous dans une des îles du Cap-Vert, où l'escadre arriva le 2 juillet; là elle fit un exercice de débarquement et des manoeuvres préparatoires aux opérations d'arrivée devant Rio de Janeiro. Longuement retardée par les vents contraires,l'escadre ne passa l'équateur que le 11 août ; et, un mois plus tard, par une journée brumeuse, elle arrivait devant la baie de Rio de Janeiro, que DUGUAY-TROUIN se prépara à forcer. La première attaque fut dirigée par le chevalier de COURSERAC, « qui connaissait un peu l'entrée de ce port ». Grâce à une splendide manoeuvre, l'escadre française parvint à échapper à l'artillerie des forteresses et vint occuper une excellente position au centre de la baie. DUGUAY-TROUIN, en grand marin qu'il était, déclara que COURSERAC « se couvrit dans cette journée d'une gloire éclatante ». Cet enthousiasme du chef était d'autant plus justifié que DUGUAY-TROUIN ne s'attendaitpas à trouverla place si bien défendue ; à la suite de faux renseignements qui lui avait été donnés en Europe, son escadre se disposait « Puisque vous et le roi d'Espagne avez au contraire à entrer presque tranquillement dans le port de Rio de Janeiro.

René Trouin, sieur du Guay
La « quantité prodigieuse d'artillerie » qui surprit le chef de l'expédition à l'entrée de la barre, donnait à l'opération de COURSERAC beaucoup plus d'éclat encore. DUGUAY-TROUIN raconte qu'ayant cherché plus tard à se renseigner, il apprit que malgré tout le secret de ses préparatifs, la nouvelle de l'expédition était parvenue en Angleterre, d'où la reine Anne avait envoyé sans retard un navire au roi de Portugal pour le prévenir. Or ce même navire, continuant sa route sur le Brésil, était arrivé à Rio de Janeiro quinze jours avant l'escadre française. Rendu prudent par cette première surprise, DUGUAY-TROUIN attendit la nuit pour faire avancer sa galiote et ses deux traversiers à bombes et pour mettre ses navires dans la position propre à un bombardement imminent.

Le lendemain, à la pointe du jour, le commandant détacha le chevalier de GOYON à la tête de 500 hommes d'élite, avec ordre de prendre d'assaut l'île des « Cobras ».

Les Français, victorieux, disposèrent ainsi d'une excellente position stratégique. DUGUAY-TROUIN y ordonna l'installation de batteries d'artillerie et la concentration de troupes pour une nouvelle action contre la ville. Les officiers d'artillerie de la RUFINIÈRE, de KARGUELIN et ELIAN furent chargés des batteries, pendant que le lieutenant de vaisseau marquis de SAINT-SIMON et ses troupes assuraient le service de surveillance et pro-tégeaient les travaux militaires de l'installation française dans l'île des « Cobras ». Peu après commencèrent les bombardements successifs, préparant le débarquement de 3.300 hommes, qui eut lieu le 14 septembre; quatre ou cinq jours après, 500 hommes de plus vinrent se joindre à ces effectifs, divisés par DUGUAY-TROUIN en trois brigades de dix compagnies chacune ; l'une, sous le commandement de GOYON, qui continua à jouer un rôle en relief dans les opérations, constituait l'avant-garde ; une autre, à la tête de laquelle était de COURSERAC, formait l'arrière garde ; celle du centre était commandée par DUGUAY-TROUIN, avec le chevalier de BEAUVE comme aide de camp. Les escarmouches en terre ferme commencèrent alors, et c'est à ce moment qu'apparaît le nom d'un Français naturalisé, prètant ses services à la colonie portugaise du Brésil : le fait est ainsi relaté dans l'une des pages des minutieux Mémoires de DUGUAY-TROUIN :



« Un Normand, nommé DU BOCAGE, qui dans les pré-cédentes guerres avoit commandé un ou deux bâtiments françois armez en course, avoit depuis passé au service du Portugal. Il s'y étoit fait naturaliser, et il étoit parvenu à monter de leurs vaisseaux de guerre; il commendoit à Rio de Janeiro le second de ceux que nous y avions trouvez, et après l'avoir fait sauter, il s'étoit chargé de la garde des retranchements des Bénédictins. Il s'en acquita si bien, et fit servir ses canons si à propos, que nos traversiers à bombes en furent très-incommodez, et plusieurs de nos chaloupes furent très maltraitées ; une, entre autres, chargée de quatre gros canons de fonte, fut percée de deux boulets, et elle alloit couler bas, si je ne m'en fusse aperçu par hazard, en revenant de l'Isle des Chèvres, et si je ne l'avois pas prise à la remorque avec mon canot. Ce DU BOCAGE voulant faire parler de lui et gagner la confiance des Portugais, ausquels, comme françois, il étoit toujours un peu suspect, imagina de se déguiser en matelot, avec un bonnet, un pourpoint et des culottes goudronnées. Dans cet équipage il se fit conduire par quatre soldats portugais à la prison où nos maraudeurs et nos sentinelles enlevées étoient enfermées. On le mit aux fers avec eux ; il se donna pour un matelot de l'équipage d'une des frégates de Saint-Malo. Il fit si bien son personnage qu'il tira de nos pauvres François, trompez par son déguisement, toutes les lumières qui pouvoient lui faire connoître le fort et le faible de nos troupes; sur quoi les ennemis prirent la résolution d'attaquer notre camp »


Français, ne maudissez pas trop le nom de DU BOCAGE! Qu'il reste dans l'histoire du Brésil à titre de compensation à l'amertume que peuvent ressentir aujourd'hui les Brésiliens à l'évocation d'un épisode aux fâcheux souvenirs, et qui, encore que dirigé contre le Portugal plutôt que contre le Brésil, ayant eu pour théâtre Rio de Janeiro, sépare pour un instant dans ces pages deux peuples que Dieu mit'sur la terre pour y rester frères et amis!
Prise de Rio-Janeyro 1711 / Drouet scripsit

Il Dans le dessein d'attaquer les Français, les Portugais firent sortir de leurs abris et de leurs tranchées 1.500 soldats qui parvinrent, sans être vus, à s'approcher du flanc de la montagne où s'était fortifiée la brigade GOYON. Mais les sentinelles étaient à leur poste.

Les défenseurs de la ville usèrent alors d'une ruse de guerre : ils firent passer « divers bestiaux » par-devant la barrière qui abritait les avant-postes français. L'effet désiré se produisit : un sergent et quatre soldats « avides », selon l'expression de DUGUAY-TROUIN dans ses Mémoires, n'eurent pas plutôt remarqué ces mouvements qu'ils « ouvrirent pour s'en saisir, la barrière, sans en avertir l'officier; mais à peine eurent-ils fait quelques pas que les Portugais embusqués firent feu sur eux et tuèrent le sergent et deux de ses soldats ». Le poste ainsi attaqué par surprise était commandé par l'officier français de LIESTA : il comprenait 50 hommes à peine.
Une fois le combat engagé, après que le corps de garde eût été envahi et pris, les Français reculèrent pour prendre position plus loin, et quoique réduits en nombre, résistèrent avec bravoure. Grâce à cette résistance, le chevalier de GOYON put envoyer les renforts suffisants. En même temps, DUGUAY-TROUIN, avisé de ces événements, mandait sans retard une force de 200 grenadiers, qui devaient suivre « un chemin creux » et « prendre les ennemis en flanc aussitôt qu'ils verroient l'action engagée », et lui-même, avec une autre partie de ses troupes, se portait de sa personne au secours de la brigade GOYON.

Devant ces nouveaux éléments de résistance, les forces attaquantes durent reculer laissant sur le champ de bataille beaucoup de morts et de blessés. Dans leur retraite elles s'enfoncèrent au coeur d'une forêt afin d'y préparer une nouvelle attaque.

Quant aux Français, DUGUAY-TROUIN leur fit faire halte, jugeant, d'après les dires des blessés portugais, qu'il n'était pas opportun de « s'engager dans ce bois et dans ce défilé ».

Le combat était terminé. Du côté français il y eut 30 soldats blessés, ainsi que l'aide de camp de CoëTLOGON, qui servait aux côtés du chevalier de GOYON. Les choses en étaient là quand DUGUAY-TROUIN, apprenant que le gouverneur de Rio de Janeiro ne disposait pas de troupes suffisantes pour résister, malgré ses instantes réclamations au roi de Portugal, jugea le moment venu d'intimer à la place l'ordre de se rendre.
Ce fut le 19 septembre 1711 qu'un tambour français se dirigea vers le camp des défenseurs de Rio de Janeiro, porteur d'une lettre de DUGUAY-TROUIN au gouverneur CASTRO MORAES, où il était dit :

 " Le Roi, mon maître, voulant, Monsieur, tirer raison de la cruauté exercée envers les officiers et les troupes que vous fîtes prisonniers l'année dernière, et Sa Majesté étant bien informée qu'après avoir fait massacrer les chirurgiens, à qui vous aviez permis de descendre de ses vaisseaux pour panser les blessés, vous avez encore laissé périr de faim et de misère une partie de ce qui restoit de ces troupes, les retenant toutes en captivité contre la teneur du cartel d'échange arrêté entre les couronnes de France et de Portugal, Elle m'a ordonné d'employer ses vaisseaux et ses troupes à vous forcer de vous mettre à la discrétion, et de me rendre tous les prisonniers français ; comme aussi de faire payer aux habitants de cette colonie des contributions suffisantes pour les punir de leurs cruautez. Je n'ai point voulu vous sommer de vous rendre, que je ne me sois vu en état de vous y contraindre, et de réduire votre païs et votre ville en cendres, si vous ne vous rendez à la discrétion du Roi mon Maître, qui m'a commandé de ne point détruire ceux qui se soumettront de bonne grâce. J'apprends aussi, Monsieur, que l'on a fait assassiner M. DU CLERC qui les commandoit; je n'ai point voulu user de represailles sur les Portugais qui sont tombez en mon pouvoir ; l'intention de Sa Majesté n'étant point de faire la guerre d'une façon indigne d'un Roi très-Chrétien ; Sa Majesté veut que vous m'en nommiez les auteurs, pour en faire une justice exemplaire. Si vous différez d'obeïr à sa volonté, tous vos canons, toutes vos barricades, ni toutes vos troupes ne m'empêcheront pas d'exé- cuter ses ordres et de porter le fer et le feu dans toute l'étendue de ce pais. J'attends, Monsieur, votre réponse; faites-la prompte et décisive ; autrement vous connoîtrez que, si jusqu'à présent je vous ai épargné, ce n'a été que pour m'épargner à moi-même l'horreur d'enveloper les innocents avec les coupables. Je suis, Monsieur, tres-parfaitement, etc. (signé) DUGUAY-TROUIN »,



 Le gouverneur de Rio de Janeiro répondit avec hauteur et dignité, et remit sa réponse au même tambour qui lui avait apporté la lettre de DUGUAY-TROUIN :

« J'ai vu, Monsieur, les motifs qui vous ont engagé à venir de France en ce pais. Quant au traitement des prisonniers françois, il a été suivant l'usage de la guerre ; il ne leur a manqué ni pain de munition, ni aucun des autres secours, quoiqu'ils ne le méritassent pas, par la manière dont ils ont attaqué ce pays du Roi mon Maître. Cependant je leur ai accordé la vie au nombre de six cens hommes, comme ces mêmes prisonniers le pourront certifier. Je les ai garantis de la fureur des Noirs, qui les voulaient tous passer au fil de l'épée ; enfin je n'ai manqué en rien de tout ce qui les regarde. A l'égard de la mort de M. DU CLERC, je l'ai mis, à sa sollicitation, dans la meilleure maison de ce païs, où il a été tué. Qui l'a tué ? C'est ce que l'on n'a pu vérifier, quelques diligences que l'on ait faites. Je vous assure que si l'assassin se trouvé, il sera châtié comme il le mérite. En tout ceci il ne s'est rien passé qui ne soit de la pure vérité, telle que je vous l'expose. Pour ce qui est de vous remettre ma place, quelques menaces que vous me fassiez, le Roi mon Maître me l'ayant confiée, je n'ai point d'autre réponse à vous faire, sinon que je suis prêt à la défendre jusqu'à la dernière goutte de mon sang. J'espère que le Dieu des armées ne m'abandonnera pas dans une cause aussi juste que celle de la défense de cette place. Dieu conserve votre Seigneurie.Je suis, Monsieur, etc. (signé) Dom Francisco de CASTRO MORAES ».

Devant la décision inébranlable du gouverneur, DUGUAY-TROUIN ordonna le bombardement de la ville par toutes ses batteries de terre placées sur les hauteurs, aidées par les navires ancrés dans le port. Pendant toute la nuit, l'artillerie française fit rage. Et pour compléter Thorreur de ce tableau tragique, une tempête formidable se déchaîna sur la ville. DUGUAY-TROUIN lui-même s'exclamaitplus tard : « Un feu général et continuel des batteries et des vaisseaux, qui joint aux éclats redoublez d'un tonnerre affreux et aux éclairs qui se succédoient les uns aux autres, sans laisser presqu'aucun intervale, rendait cette nuit épouvantable ».


Grâce à ce coup décisif, DUGUAY-TROUIN put considérer la partie comme gagnée. Il y eut cependant encore une tenace résistance des troupes adverses, malgré leur infériorité numérique. Ici se place un épisode presque légendaire que relatent les chroniques du temps. Un maître d'école brésilien, du nom de BENTO AMARAL, réunissant à ses côtés ses anciens élèves et quelques autres personnes, en tout cinquante combattants, eut le courage presque incroyable de faire face à plusieurs reprises aux nombreux soldats des bataillons français. De ces cinquante héros volontaires, presque tous moururent l'un après l'autre ; BENTO AMARAL à son tour tomba, mortellement atteint.

Quand on retrouva et reconnut son cadavre, « les Français lui rendirent les honneurs et témoignèrent de la bravoure du héros ». Et le roi JEAN V, par acte officiel, honora la mémoire de cet instituteur, exalta son héroïsme et assura de sa gratitude les parents du vaillant défenseur de la ville de Rio de Janeiro.
Le gouverneur, devant le grondement incessant de l'artillerie et l'avance des troupes de DUGUAY-TROUIN, auxquelles il était impossible de résister, vu leur supériorité numérique, et les renforts attendus de Minas Geraes n'arrivant pas, le gouverneur, disons-nous,fit évacuer la ville pendant la nuit et installa ses troupes sur une position défensive située à bonne distance. Auparavant, il est vrai, ce courageux gouverneur, jaloux de ses devoirs, de son honneur et de la vie de ses administrés, avait répondu à l'intimation en déclarant qu'il défendrait la ville et sa population jusqu'à la dernière goutte de son sang.

Malgré tout, on a été injuste à son égard : il fut condamné à la prison; les chroniques du temps insultent à son nom, le qualifient de traître et de lâche. Avec le recul, un siècle plus tard, les historiens lui rendirent justice, comme l'avait fait auparavant DUGUAY-TROUIN lui-même, dans les pages si souvent citées par nous Une fois la ville évacuée, les Français s'en emparèrent sans coup férir ; à chaque pas ils avaient la surprise de rencontrer sur leur chemin les prisonniers survivants de la déroute de DU CLERC, « qui avaient, dans la confusion, brisé les portes de leurs prisons, et s'étaient répandus de tous cotez dans la ville, pour piller les endroits les plus riches ». Ce que voyant, une grande partie des soldats de DUGUAY-TROUIN cherchèrent à faire de même et se livrèrent au sac, qui d'ailleurs ne dura pas longtemps, car les maraudeurs, arrêtés et, par ordre du chef de l'expédition, punis « sur-le-champ même », furent ensuite, « conduits et consignez dans le fort des Bénédictins ». Cette sévérité ne servit pourtant à rien, car pendant la nuit, et malgré la surveillance organisée, la majeure partie des soldats se livrèrent au pillage, qui fut complet... DUGUAY-TROUIN relate dans ses Mémoires : « Le lendemain matin les trois quarts des magasins et des maisons se trouvèrent enfoncez, les vins répandu les vivres, les marchandises et les meubles épars au milieu des rues et de la fange ; tout enfin dans un désordre et dans une confusion inexprimables ». On décida alors de faire travailler les troupes nuit et jour, sans arrêt; et ce fut seulement ainsi qu'on vint à bout des désordres. Mais, en même temps, le bruit courait qu'un renfort important arrivait de Minas à marche forcée, à destination de Rio de Janeiro.

DUGUAY-TROUIN plaça en conséquence des renforts « sur les hauteurs de la Conception et des Bénédictins », et se jugea en sûreté, « l'esprit tranquille de ce côté-là, pour commencer alors à consacrer son attention « aux intérêts du Roi, et à ceux des armateurs ». Ce fut ainsi que commencèrent les pourparlers d'indemnités pour le rachat de la ville. DUGUAY-TROUIN exigeait que le gouverneur se manifestât immédiatement, faute de quoi tous les établissements seraient incendiés et Rio de Janeiro réduit en cendres. Les premiers parlementaires, alléguant que la population avait transporté son or et ses richesses dans des endroits très éloignés, prétendaient ne pouvoir offrir que 600.000 crusades, et ils demandaient pour effectuer ce paiement un délai de quinze jours, temps nécessaire pour faire venir l'or appartenant au roi de Portugal.
Cette proposition fut rejetée par les Français et DUGUAY-TROUIN ordonna à ses troupes, augmentées des 500 soldats survivants de la déroute de DU CLERC, de marcher dès le lendemain jusqu'à l'endroit éloigné où étaient campés les bataillons portugais, Ces troupes, commandées par le chevalier de GOYON, arrivées au lieu désigné, se déployèrent en face de l'armée ennemie.
A cette occasion, les pères jésuites intervinrent auprès du gouverneur, afin qu'on utilisât leurs services comme parlementaires pour le rachat de la ville.
Le gouverneur offrit alors 10.000 cruzades de sa propre bourse, en plus des 600.000 déjà offerts, plus 500 caisses de sucre et tout le bétail dont les Français pouvaient avoir besoin, pour la subsistance de leurs troupes. DUGUAY-TROUIN accepta la somme et le délai de quinze jours pour le paiement des 610.000 cruzades ; il prit comme otages douze des principaux officiers portugais, et il exigea en outre qu'il fût permis aux négociants d'aller à bord des navires français pour y acheter, au comptant, les objets de leur choix, parmi ceux qu'il avait apportés d'Europe et ceux qui avaient été pris au cours du sac de la ville.
Peu après arrivaient les renforts de Minas : mais trop tard, car l'accord était déjà signé. Le 4 novembre, le paiement des 610.000 cruzades terminé, DUGUAY-TROUIN ordonnait à ses troupes l'évacuation de la ville, qu'il abandonnait, conservant uniquement les forts de l'île des Cobras et de Villegaignon, afin de garantir la sortie de l'escadre.

Neuf jours plus tard, le 13 novembre 1711, après un séjour d'environ deux mois dans la plus belle baie du monde, les navires français, mettaient à la voile, à destination de la France. La traversée de Rio de Janeiro à Brest dura près de trois mois; l'escadre arriva dans ce dernier port le 6 février, après de nombreuses péripéties au milieu des vents contraires et des tempêtes. Malgré ces contretemps, et même malgré le naufrage de deux navires chargés de plus de 600.000 livres en or et en argent,..

Lima-Barbosa, Mario de. Les français dans l'histoire du Brésil / Mario de Lima-Barbosa ; traduction et adaptation de l'original brésilien, par Clément Gazet, avec une introduction du traducteur et 35 illustrations dans le texte. 1923. 

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