1340 bataille de Salado

"Alphonse IV, le Brave, prit part à la fameuse bataille de Salado (1340), nommée la « Grande Journée des chrétiens » et qui mit un terme aux invasions des mahométans du Maroc : leur innombrable armée y fut anéantie."


bataille du salado
Bataille du Salado
Les princes mahométans, mortifiés de l'échec subi par les leurs à Arcos, résolurent de presser le siège de Tarifa, que deux cent mille musulmans avaient investi, et les travaux s'exécutèrent avec la plus grande vigueur. Mais le roi de Castille fut promptement informé du danger que courait cette forteresse, et comme les forces de son royaume étaient insuffisantes pour balancer celles de l'ennemi, il invita la cour de Lisbonne à la défense de la chrétienté. Le roi de Portugal répondit aux sollicitations de son gendre en se mettant en marche, à la tête de ses plus braves guerriers. Alphonse le reçut avec les plus grands honneurs. 
Quarante mille hommes d'infanterie et vingt mille de cavalerie furent conduits au combat par leurs souverains respectifs. Un détachement de mille chevaux et quatre mille fantassins put se frayer un chemin au travers des lignes des assiégeants et renforcer la garnison de Tarifa. Il n'en fallait pas davantage pour relever le courage de la garnison. Une nouvelle flotte, fournie en partie par les Génois, essaya de croiser dans le détroit de Gibraltar et de couper toutes les communications entre les musulmans et le continent africain ; mais cette flotte ne fut pas plus heureuse que la première, et la plupart des vaisseaux qui la composaient furent jetés à la côte, où ils furent capturés par les infidèles. Ce fut alors que les deux rois chrétiens se décidèrent à une action générale. 

Alphonse se chargea d'attaquer les nombreux escadrons du Maroc, et le monarque du Portugal marcha contre ceux de Grenade. Le matin de la bataille, le roi de Castille reçut la communion des mains de l'archevêque de Tolède, et passa la rivière de Salado à la tête de ses troupes; puis la lutte s'engagea. Lutte terrible, pendant laquelle Alphonse se trouva pendant un moment assailli par une multitude de Maures. « N'oubliez pas, dit le héros castillan en s'adressant au gros de ses gardes qui étaient près de lui, que votre roi est ici et qu'il va être témoin de votre valeur, comme vous contemplerez la sienne. » Et il allait se jeter au plus fort de la mêlée, sans les exhortations de l'archevêque de Tolède, qui s'élança à la bride de sou cheval et retint sa belliqueuse ardeur. 

Mais ses soldats, pleins de courage et de confiance, continuèrent l'attaque avec intrépidité, et vers le milieu de la journée, les Africains, que le fer des chrétiens avaient décimés, commencèrent à céder. Leur nombre diminuait sans cesse; éperdus, ils retournèrent auprès de la tente de leur chef, mais en un clin d'œil ils furent dissipés, et leurs corps inanimés s'amoncelèrent sur la terre rougie de leur sang. Le pavillon royal d'Abul-Hassan et un immense butin tombèrent au pouvoir d'Alphonse, qui, sur le champ même de l'action, voulut récompenser le zèle de son allié, en partageant avec lui les dé- pouilles des vaincus; mais l'âme généreuse du roi de Portugal refusa tout, à l'exception de quelques armes, remarquables plutôt par leur curiosité que par leur valeur. Quant au roi de Maroc, il prit la fuite avec précipitation et regagna l'Afrique, tandis que celui de Grenade se retira dans ses domaines en tremblant pour la sûreté de sa capitale. 

Il est impossible de fixer le nombre des morts qui restèrent sur les bords du Salado, mais on peut dire qu'il fut immense. Quelques forteresses du voisinage furent en outre prises par les chrétiens, qui, l'année suivante, purent encore détruire la flotte mahométan.
Septenville, Édouard Langlois, Bon de. Victoires et conquêtes de l'Espagne depuis l'occupation des Maures jusqu'à nos jours, par le Bon Édouard de Septenville. 1862.

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