1807-1812 Invasions napoléonienne - invasion napoléonienne du Portugal - guerre péninsulaire.

Les premières années du XIXe siècle amenèrent pour le Portugal un cortège de malheurs. Le mauvais gouvernement de dona Maria Ire et de son fils don Joâo, la fuite de la famille royale et de la cour au Brésil, l'invasion de l'armée du général Junot, le réveil du sentiment national, le secours de l'Angleterre, les nouvelles invasions des Français sous la conduite de Soult et de Masséna, la lutte pour l'indépendance, la domination de Beresford, la révolution populaire de 1820, la réaction absolutiste et la guerre civile entre les absolutistes et les constitutionnels, toutes ces vicissitudes politiques accumulèrent.
Le Portugal géographique, ethnologique, administratif, économique, littéraire, artistique, historique, politique, colonial, etc., par MM. Brito Aranha, Christovam Ayres, Teixeira
Bastos, Daniel Bellet, Cardozo de Bethencou.... 1900.


Arrivé de la famille royale portugaise à Rio de Janeiro le 7 de Mars de 1808. Peinture(1999) de Geoffrey Hunt.
Arrivé de la famille royale portugaise à Rio de Janeiro le 7 de Mars de 1808. Peinture(1999) de Geoffrey Hunt.


I Invasion 1807 / 1808
17 Nov. 1807 – Napoléon envoie des troupes conduites par Junot et s’oppose du pouvoir
23 Jun. 1808 – Insurrection de Coimbra
23 Juil. 1808 – Le Bataillon Académique de Coimbra occupe le Forte de Santa Catarina – à Figueira da Foz
01. Août 1808 – L’armée britannique commandé par Wellesley débarque au Portugal
17 Août 1808 – Combat de Roliça
21 Août 1808 – Bataille du Vimeiro

II Invasion 1809
22 Apr. 1809 – Wellesley débarque à Lisboa


III Invasion 1810 / 1811
26 Août 1810 – Siège d’Almeida
27 Sep. 1810 – Bataille du Bussaco
03 Apr. 1811 – Combat du Sabugal –  Massena à abandonne le Portugal

IV Invasion 1812
17 Jun. 1812 – Wellesley arrive à Salamanca

fuite de la famille royale portugaise pour le bresil 1807
Fuite de la famille royale portugaise pour le Brésil 1807
bataille de Bussaco portugal 1810.jpg
Bataille de Bussaco, Portugal 1810

(...) En 1807, sur le refus du Portugal d'adhérer au blocus continental, une armée française, commandée par Junot, marcha sur Lisbonne, où elle arriva le 27 novembre, mais pour voir mettre à la voile la flotte anglaise, qui emportait au Brésil la reine dona Maria, le régent, la cour, les ministres.

La maison de Bragance fut déclarée déchue du trône, mais toutes les avances de Junot pour stimuler les sympathies des Portugais furent inutiles, et bientôt des émeutes éclatèrent sur divers points du territoire.
Le jour de la Fête-Dieu, de nouvelles Vêpres siciliennes ensanglantaient Porto, ou une junte insurrectionnelle fut constituée, qui appela les Anglais à la rescousse (29 juillet 1808).
Wellington battit Junot à Vimeiro 

Wellington débarqua à La Corogne, battit Junot à Vimeiro le 30 août et l'obligea à signer la convention de Cintra, qui régla l'évacuation du Portugal par les Français.
Ils rentrèrent avec Soult (mars 1809), mais pour peu de temps. Le duc de Dalmatie ne put dépasser la Vouga. Une armée de sept mille Anglo-Portugais survint, qui le força à la retraite. En 1810, troisième invasion, cette fois dirigée par Masséna.
 L'Enfant chéri de la Victoire entra à Lisbonne malgré Wellington. Mais toute sa tactique échoua contre la tactique défensive du général anglais, retranché derrière les lignes inexpugnables de Torres-Vedras. A moitié décimé par la famine, battu à la bataille de Busaco, Masséna dut, lui aussi, reprendre le chemin de la France (8 avril).
Les Portugais prirent à leur tour leur revanche en 1814; ils figurèrent à côté des Espagnols parmi les envahisseurs du midi de la France. Le Portugal ne se ressentit aucunement des profondes modifications apportées dans l'échiquier européen par les événements de 1815.
Wellington
Le régent resta au Brésil et se contenta de transformer la dénomination de Portugal en « Royaume-Uni de Portugal et de Brésil ». Devenu roi à la mort de dona Maria (1816) sous le nom de Jean VI, il ne revint pas davantage en Europe.
Cette indifférence et l'humiliation qui résultait de la transformation de la métropole portugaise en simple appendice du Brésil ne fut pas, on le conçoit, du goût des habitants de la Péninsule. Les grandes villes protestèrent énergiquement, et Porto, comme toujours, donna le signal des violences. C'est là que, le 24 août 1820, éclata la révolution qui devait aboutir à l'établissement en Portugal du gouvernement constitutionnel.

Le Portugal géographique, ethnologique, administratif, économique, littéraire, artistique, historique, politique, colonial, etc., par MM. Brito Aranha, Christovam Ayres, Teixeira Bastos, Daniel Bellet, Cardozo de Bethencou.... 1900.


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Départ de la famille royale pour le Brésil. Alfredo Roque Gameiro
(...) Lorsque la guerre éclata de nouveau entre cette dernière puissance et la France, et que Napoléon eut décrété le blocus continental, le Portugal, continuant sa politique favorable à l'Angleterre, prit encore parti pour cette dernière en refusant de s'associer aux vues de l'empereur. Napoléon signa alors de concert avec l'Espagne le démembrement du Portugal ; Junot envahit le Portugal, qu'il conquit avec quelques milliers de soldats, et le régent, incapable de faire preuve de quelque énergie, s'enfuit honteusement vers le Brésil avec les premières familles du pays, sur des vaisseaux chargés de toutes les richesses qu'ils pouvaient transporter. Mais Napoléon ne sut pas user de la victoire ; il ne connaissait pas le Portugal : il blessa l'amour propre national en faisant remplacer le drapeau portugais par l'aigle impériale, en ordonnant l'enrôlement de 10000 jeunes gens destinés à former une légion appelée à combattre aux côtés de l'armée française, en ordonnant de lever une contribution de 100 millions.
Malgré l'habileté et l'énergie de Junot, le Portugal fut perdu pour la France ; une insurrection générale y éclata et les Anglais s'empressèrent d'y débarquer des troupes sous le commandement de sir Arthur Wellesley.

Soldat de l'armée de Napoléon

 Junot dut signer, après le glorieux combat de Vimeiro, la convention de Cintra et évacuer sa conquête (30 août 1808).
Jusqu'en 1811, le Portugal servit avec des alternatives de succès et de revers de théâtre à la lutte entre les Français et les Anglais; Napoléon avait affaire à vingt ennemis à la fois, et ses lieutenants, en Espagne et au Portugal, avec des troupes insuffisamment nombreuses, ne purent venir à bout de populations fanatisées par l'esprit de patriotisme et soutenues par les immenses ressources et les soldats de l'Angleterre.
La guerre contre l'Espagne et le Portugal fut la grande faute du règne de Napoléon; elle causa sa chute.
N'ayant que cette guerre sur les bras, il eut, sans doute, triomphé de toutes les difficultés; mais il avait l'Europe entière contre lui, et la péninsule ibérique dévorait ses armées.
Les Espagnols et les Portugais combattaient pour leur liberté et la. France pour une idée politique et une ambition personnelle. On ne vient pas facilement à bout de la haine d'un peuple. La France ne pouvait se flatter de triompher de l'Europe entière ; soutenue, enflammée par le génie de Napoléon, elle crut réaliser cette tâche; mais ses ennemis abattus reprenaient sans cesse de nouvelles forces, tandis que les siennes s'épuisaient sans pouvoir se renouveler.
L'Angleterre avait pris pied au Portugal; elle s'y implantait ; elle administrait le pays, car elle n'était pas plus empressée de rappeler Jean VI que celui-ci ne montrait de hâte à revenir. Quand l'empire disparut et que les alliés se partagèrent le butin, le Portugal n'eut rien, pas un sou sur l'indemnité de guerre que la France s'engageait à payer ; il se trouva même diminué de la place d'Olivença, que l'Espagne sut conserver. (...)

Pepper, Charles Rockland. Charles Rockland Pepper. Le Portugal, ses origines, son histoire, ses productions, le traité de Methuen et l'Union ibérique. 1879.


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Extrait du livre: Lisbonne et les Portugais, par Ollivier de La Blairie. 1820


(...) Les Anglais, peuple de l'Europe qui, sans contredit, entend le mieux les intérêts commerciaux, accaparaient entièrement le commerce du pays et en pompaient toutes les richesses; mousselines , indiennes, perkales , tout venait d'Angleterre et s'introduisait en grande partie par la contrebande. A l'arrivée de chaque paquebot une nuée de juifs et d'anglaises y faisaient une descente celles-ci doublaient leurs jupes de perkale, et le maigre fils de Jacob se donnait un ventre de cotonnade. La surveillance des gardes se laissait d'ailleurs endormir aisément par quelques pièces de métal.

Les trois quarts du vin d'Oporto s'exportaient en Angleterre, et ses habitants altérés loin de se contenter de cette portion en consommaient trois fois plus encore qu'ils n'en exportaient. On peut vraiment considérer le Portugal comme une espèce de colonie anglaise que la métropole exploite à son profit. Le gouvernement portugais ne prendra-t-il pas enfin une direction plus sage et plus conforme aux intérêts de la nation. Pourquoi ne pas établir des manufactures indigènes, pourquoi ne pas encourager l'industrie des habitants au lieu de les laisser croupir dans la paresse, l'ignorance et la misère.
 Les lois du commerce doivent être basées sur des intérêts mutuels et égaux, et l'on ne pourrait qu'applaudir à l'activité britannique si elle se dirigeait sur ce principe; mais cette nation insatiable devient des frelons dans une ruche partout où elle s'établit.
Enfin le jour de la rétribution semble s'approcher; si les Anglais perdent leur domination sur le Portugal; si la Russie, dont l'ambition commence à percer le voile dont elle s'est environnée jusqu'ici, se fraye une route militaire dans l'Inde après s'en être faite une commerciale on peut prédire à la fière Albion une chute prochaine.(...)
Les français 1er invasion - Alfredo Roque Gameiro
(...) Napoléon, ne pouvant atteindre les Anglais dans leur île, voulut les frapper dans leur commerce, et il établit le blocus continental; il exigea que tous ses alliés, tous les peuples de l'Europe s'engageassent à interdire leurs ports aux vaisseaux et aux marchandises de l'Angleterre.
Il manda donc devant lui M. de Lima, ambassadeur du Portugal à Paris, et lui dit que si, dans le temps rigoureusement nécessaire pour avoir une réponse de Lisbonne, il n'apprenait pas que le gouvernement portugais avait déclaré la guerre à l'Angleterre et avait fait saisir les biens et les personnes des sujets anglais, la France traiterait le Portugal en ennemi. Le régent ayant hésité à accepter ces dures conditions, Napoléon déclara la maison de Bragance déchue de ses droits à la couronne de Portugal, et envoya au delà des Pyrénées le général Junot, à la tête de vingt-cinq mille hommes.
Emmanuel Godoy, dont le concours avait été acquis par la promesse d'une vaste principauté dans le Midi du Portugal, mit de son côté une armée d'égale force numérique en campagne.
Junot avait reçu l'ordre de se refuser à toute négociation et de marcher droit sur Lisbonne et Oporto, pour y saisir les marchandises anglaises. Il exécuta cet ordre avec une rigueur excessive, qui obligea ses soldats à des marches forcées et leur imposa d'horribles fatiguer. Son armée était haletante, épuisée, avant d'avoir franchi la frontière du Portugal.

Arrivée à Alcantara à travers les longs défilés de Beira, elle fut obligée d'y laisser un corps de troupes nombreux, pour recueillir les traînards. Réduit à quelques régiments d'infanterie, Junot, ne connaissant que sa consigne, s'engagea au coeur du Portugal, bien que la cour de Lisbonne eût une armée de trente mille hommes à ses ordres. Mais telle était l'épouvante qui précédait le nom des armées françaises, que la cour de Portugal ne pensent qu'à fuir. Elle suspendit tous les paiements pour augmenter ses ressources, et s'embarqua, après avoir annoncé dans une proclamation l'intention d'aller résider à Rio-Janeiro jusqu'au rétablissement de la paix. Les Portugais virent passer sur les quais de Lisbonne, et sous une pluie battante, la longue et triste procession de la cour, se rendent du palais aux vaisseaux qui devaient l'emporter vers l'Amérique. Ils revirent la reine, qu'on leur avait cachée depuis seize ans, et qui sembla recouvrer une tueur de raison pour protester contre tant de lâcheté. « Quoi ! fuir sans combattre? » s'écria-t-elle. Comme son cocher pressait le pas des chevaux : « Ne va pas si vile, lui dit-elle : on croirait que nous fuyons. » Quant au régent, il se contentait de dire en gémissant : « Ah ! si du moins les Français qui s'avancent avaient pour chef le bon maréchal Lannes, je lui confierais ma couronne et mes États, je ne fuirais pas. Mais ce n'est pas lui qui commande, et il ne me reste plus d'espoir.
Cependant Junot avançait toujours, laissant en arrière tout ce qui ne pouvait le suivre ; il marchait réduit à quatre ou cinq mille hommes, franchissant les défilés, les villes, les fleuves débordés, sans que rien l'arrêtât, voulant à tout prix arriver à Lisbonne assez à temps pour prévenir le départ des marchandises anglaises, lorsqu'il apprit que ces marchandises et la famille royale elle-même s'étaient soustraites, par la fuite à son ardente poursuite. Treize mille Portugais, d'entre les plus distingués, avaient suivi la cour, et, entassés avec leurs effets les plus précieux sur quelques vaisseaux, attendaient dans de mortelles angoisses que le vent, qui leur était contraire, leur permît de sortir du port. Que le vent se fût maintenu vingt-quatre heures de plus à l'ouest, ou que le Tage débordé n'eût pas retardé la marche de Junot, et cette riche proie tombait entre ses mains.
Arrivé à Lisbonne avec sa troupe réduite à quinze cents hommes, il n'osa d'abord pénétrer dans cette ville de trois cent mille âmes, où les agents de police seuls étaient aussi nombreux que son armée.
Mais le gouvernement portugais alla au-devant de lui et aplanit toutes les difficultés.  Au bout de quinze jours, les traînards avaient rejoint Junot, et il se retrouvait à la tête d'une armée de vingt-cinq mille hommes. Il s'efforça de se concilier la faveur du peuple par la sagesse de ses mesures et par la supériorité du gouvernement qu'il établît sur celui qu'il remplaçait; il réussit ainsi à gagner les-classes éclairées; mais les autres, et c'étaient lie beaucoup les plus nombreuses, peu sensibles à ces nuances, gardaient un silence sombre et menaçant, et semblaient n'attendre qu'une occasion pour faire éclater leur haine. Quelques mesures malheureuses ajoutèrent à ses-embarras. Napoléon imposa des contributions de guerre et des levées :de troupes au Portugal. Une légion qu'il y leva, et qu'il envoya en Illyrie, témoigna de ses sentiments en prenant pour devise ce vers de Virgile :

Vadiinus immixti Danais, haud numine nostro.
Nous marchons mêlés aux Grecs,sous des auspices étrangers.

 Napoléon ne connaissait pas encore l'Espagne et le Portugal ; il jugeait ces deux pays d'après leurs tristes souveraîns, et ne dissimula pas assez son injuste mépris pour eux. Il apprît trop tard quelle était son erreur. Une déportation de Portugais que Junot lui avait envoyée fut accueillie sous l'impression de ces sentiments. Il leur parla de manière à laisser voir trop clairement le peu de cas qu'il faisait de leur pays, et termina son entrevue en leur disant:
Mais enfin que voulez-vous, vous autres Portugais? Voulez-vous être Espagnols? Le chef de la députation, HT.de Lima, se redressant avec colère, et mettant la main sur la garde de son épée, s'écria d'une voix forte : Non, A ce mot, à la manière dont il avait été prononcé, Napoléon comprit qu'il avait froissé les fibres les plus sensibles du Portugais ; il reconnut sa faute, mais il était trop tard.
1810 bataille du Buçaco - Alfredo Roque Gameiro
Les députés retournèrent dans leur pays, y portèrent, y propagèrent la pensée que Napoléon voulait les réunir à l'Espagne.
C'en fut assez pour soulever tout le pays. Le jour de la Fête-Dieu, les habitants de Lisbonne tentèrent de se révolter, mais Junot était présent et comprima tout désordre. Il n'en fut pas de même dans le reste du pays, où l'insurrection éclata soudain sur tous les points. Oporto, la seconde ville du royaume, secoua le joug de la France, et ne put être soumise par la trop faible armée de Junot.
Ses forces furent encore réduites de huit mille hommes, que Napoléon en détacha pour réparer un désastre que l'armée d'Espagne venait d'essuyer à Beylen (Bailén), où trois corps avaient été détruits par une autre insurrection non moins formidable. Junot n'avait plus que quinze à seize mille hommes, quand sir Arthur Wellesley, qui fut depuis duc de Wellington, débarqua avec environ quinze mille Anglais, qu'il amenait au secours des Portugais révoltés.

Il débuta par un succès ; il surprit et attaqua un corps de deux mille cinq cents Français près de Roliça, et, malgré la défense héroïque de ces braves, il les força à se retirer sur Torres-Vedras.

Loison
L'effet de cette petite victoire fut d'exalter les espérances des Portugais et de généraliser encore l'insurrection.
Junot résolut de tenter la fortune : il marcha avec onze mille cinq cents hommes contre les Anglais, dont l'armée, grossie par d'innombrables bandes de Portugais, l'attendit à Vimeiro.
Accablé par la supériorité du nombre et de l'artillerie ennemie, il comprit que c'en était fait de la domination française en Portugal, et ne songea plus qu'à obtenir une capitulation honorable pour lui et pour quelques vaisseaux russes, alliés de la France, qui s'étaient réfugiés dans le Tuge, pour échapper à la flotte anglaise. Mais tandis qu'il stipulait pour ces vaisseaux, l'amiral qui les commandait les livra par faiblesse aux Anglais.
Junot, délivré de ce soin, conclut alors à Cintra une convention aux termes de laquelle son armée et lui-même devaient être transportés en France sur les bâtiments de la marine anglaise. Napoléon, irrité de ces échecs, se décide à conduire lui même la guerre dans la Péninsule. Il paraît, il triomphe ; en deux mois il a rétabli son frère Joseph sur le trône d'Espagne et jeté à la mer une armée anglaise. Il eût achevé la conquête du pays, s'il n'eût été rappelé au centre de l'Europe par la nouvelle que l'Autriche venait de lui déclarer la guerre. Il partit donc, laissant le commandement de ses forces au maréchal Soult.
Marmont
Ce général envahit aussitôt le Portugal, refoule, accable les corps d'insurgés qui -veulent l'arrêter, disperse les troupes du général Freyre, que ses soldats massacrent comme traître, bien qu'il fût aussi loyal que brave et habile. Le 29 mars 1809, il emporte d'assaut la place d'Oporto, et en moins d'un mois il étend sa domination sur tout le Portugal. Il essaya à son tour de se faire aimer du peuple, dans l'espoir de se créer un royaume dans cette contrée, à l'exemple d'autres généraux français; mais il dut renoncer bientôt à ces espérances.

Sir Arthur Wellesley débarqua sur les rives du Tage, à la tête de vingt mille Anglais; une autre armée anglaise descendit par le Nord, et une armée portugaise, commandée par le général Sylveira, se réunit près de Chaves. Vingt mille Français se trouvèrent ainsi enveloppés par soixante et dix mille Anglo-Portugais. Ils leur échappèrent, gagnèrent Oporto, puis la Galice, n'ayant perdu que leurs canons, qu'ils avaient dû enclouer, ne pouvant leur faire franchir les âpres sentiers des défilés e Santa-Cathalina, qu'ils eurent à traverser. Napoléon ne renonce pas à tenter de nouveaux efforts.
Guerre de partisants - Alfredo Roque Gameiro
Il rassemble soixante mille hommes, dont il confie le commandement à Masséna, le héros de Zurich et d'EssIing, l'enfant chéri de la victoire. Mais les Anglais, de leur côté, ont augmenté leurs forces. Réunis aux Portugais, ils ont quatre-vingt-dix mille hommes, protégés par une flotte immense ; ils. construisent en outre, entre l'embouchure - du Tage et la mer, une suite de retranchements formidables , armés de sept cents canons, qui doivent leur servir de retraite et les mettre à l'abri de toute attaque. Masséna, qui ne connaît pas ce détail, s'avance, prend Almeida, Ciudad-Rodrigo, s'engage dans la vallée du Mondego et pénètre dans le défilé de Busaco, une espèce de cirque, dont les Anglais occupent les sommets. Les Français essaient de franchir l'obstacle ; ils escaladent sous des feux plongeants et concentriques les pentes escarpées des montagnes, ils arrivent au sommet ; mais, haletants, épuisés, réduits à un petit nombre, sans artillerie, ils sont , écrasés sous les décharges formidables des canons anglais. La mitraille, de furieuses charges à la baïonnette, les rejettent dans la vallée.. Quatre mille cinq cents des leurs sont tués. L'âme héroïque de Masséna ne s'étonne pa,s de ce revers. Une reconnaissance qu'il fait opérer lui apprend qu'il existe une. route latérale qui lui permet de tourner la position des Anglais.
Il s'y (engage à la faveur de la nuit. Au lever du soleil, l'ennemi effrayé voit les Français derrière lui, craint d'être séparé de ses lignes et de ses vaisseaux, et les vainqueurs de la veille se retirent précipitamment.
Bataille de Vimeiro 20 août 1808
Masséna les poursuit l'épée dans les reins et arrive presque en même temps qu'eux aux lignes de Torres- Vedras, contre lesquelles il se heurte en vain. Il reconnaît trop tard l'obstacle infranchissable qui se dresse devant lui ; mais il comprend aussi que dans ce coin de terre vont se jouer les destinées du monde. Au lieu de s'acharner dans une lutte inutile contre les difficultés invincibles de cette position, il envoie en France demander le secours de l'armée d'Andalousie, commandée par le maréchal Soult, et qui devait attaquer Lisbonne par la rive gauche du Tage et faire tomber les lignes de Torres-Vedras, pendant que lui-même maintiendrait les Anglais en les attaquant Je face. Malheureusement, au moment où le message de Masséna parvint à Napoléon, ce souverain méditait une lutte nouvelle : la formidable guerre de Russie, où il devait trouver sa perte. Il ne put donner aux affaires de la Péninsule qu'une attention insuffisante; il eût fallu de l'argent, des armées, dés ordres positifs et rigoureux pour des chefs placés trop loin de son-autorité et livrés à des rivalités jalouses, à dès dissensions intestines. Masséna te reçut que des promesses et des secours illusoires. Il s'était établi devant les lignes de Torres-Vedras, qu'il bloquait, dans l'espoir d'affamer, sinon les  Anglais, alimentés par leur flotte, au moins les habitants de Lisbonne, dont les principales communications étaient coupées, et qui, poussés par la disette, pouvaient en se révoltant causer au général anglais de graves embarras. Mais le maréchal lui-même était fort empêché de nourrir son armée. Les Anglais, en se retirant, avaient tout dévasté, brûlé les moulins, emmené la population.

Francisco da Silveira Pinto da Fonseca Teixeira (1763-1821) 
Général Silveira : Officier Portugais Né à Villa de Canelas le 1 de Septembre de 1763 † Vila Real, le 27 Mai de 1821. Gouverneur militaire de la région de tras-os-montes durant les invasions française.
Masséna fit des prodiges pour se créer des ressources, pour vivre sans argent, sans munitions, sans communications avec la France, sur cette terre désolée, où les maraudeurs étaient obligés de faire deux ou trois étapes pour trouver des vivre qu'il fallait encore arracher à des paysans armés et soulevés. - Cinq mois durant, ce brave général et ses héroïques soldats soutinrent ces cruelles épreuves. Las enfin, épuisés, découragés, se croyant abandonnés, en proie à des dissensions intestines provoquées par l'humeur chagrine des généraux mécontents, ils brûlèrent les ponts qu'ils avaient construits à grand'peine sur le Tage, et se retirèrent vers le Nord, semant les routes et les champs du Portugal de leurs morts et des blessés qu'il fallait abandonner, faute de moyens de transport. L'armée eût été perdue sans l'héroïsme de Ney, qui soutint à l'arrière-garde l'effort de l'ennemi. Elle atteignit enfin la frontière du Portugal le 8 avril 1811; mais elle n'était pas au terme de ses maux. Wellington, qui l'avait poursuivie, voulut reprendre Almeida, et l'assiégea. Masséna revint sur ses pas au secours de la place. Il livra bataille aux Anglais avec une armée inférieure eu force et épuisée par les privations.
Massena
Repoussé à Fuentes-de-Onore, le 5 mai, il dut céder le commandement au maréchal Marmont, qui eut la triste mission de réunir et de réorganiser les débris de cette malheureuse armée. Napoléon comprit enfin toute la gravité de la faute qu'il avait commise en s'aliénant l'esprit des Portugais, en les blessant par des paroles humiliantes. Mais il était trop tard. Engagé dans les difficultés de l'horrible guerre de Russie, il perdit bientôt non-seulement le Portugal, mais encore l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, toutes les conquêtes de la France, et enfin la couronne.
Wellesley
Les Portugais eurent la joie de fouler à leur tour en vainqueurs, en conquérants, le sol de la France envahie, et de pénétrer au coeur de nos provinces à la suite des Anglais et des Espagnols. Mais ce fut l'unique satisfaction qui leur fut réservée. Les souverains, réunis à Vienne pour traiter de la paix de l'Europe après la chute de Napoléon, sacrifièrent le Portugal à l'Angleterre et à l'Espagne.
Ils lui enlevèrent la ville d'Olivença, qu'ils donnèrent à cette dernière puissance , et les Anglais le contraignirent à renoncer à faire le commerce d'esclaves au nord de l'équateur; ce qui était porter un coup funeste à sa marine, dont ce commerce était la principale ressource. Pour comble de malheur, le régent refusa de quitter le Brésil, et, donnant à ses États le nom de royaume-uni du Portugal et du Brésil, il réduisit, par son absence, le premier de ces pays à la condition d'une province, et proclama par le fait l'indépendance de la colonie. Un général anglais, lord Béresford, administra le royaume au profit exclusif de l'Angleterre (...)
Guibout, A.. Épisodes de l'histoire du Portugal, par A. Guibout. 1863



Tragédia da ponte das barcas Oporto 1809.


ponte das barcas Porto.  En 1809, Porto fut la scène d'un désastre lorsque la population en fuite se précipita sur le Pont des Barques qui reliait les deux rives du fleuve, car l'armée napoléonienne était à l'entrée de la ville.
 
En 1809, Porto fut la scène d'un désastre lorsque la population en fuite
 se précipita sur le Pont des Barques qui reliait les deux rives du fleuve,
car l'armée napoléonienne était à l'entrée de la ville.

http://www.2dragons.be/porto.php







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