Pero de Covilhã (Covilham) (vers 1460-après 1526)

Pedro ou Pêro da Covilhã, ou encore Pedro de Covilham établi des relations entre le Portugal et l'Ethiopie.
En même temps qu'il envoyait Diaz chercher dans le sud de l'Afrique la route des Indes, le roi de Portugal, Jean II, chargeait deux gentilshommes de sa cour de s'informer s'il ne serait pas possible d'y pénétrer par une voie plus facile, plus rapide et plus sûre : l'isthme de Suez, la mer Rouge et l'Océan indien.
Une telle mission exigeait un homme habile, entreprenant, bien au courant des difficultés d'un voyage dans ces régions, connaissant les langues orientales et tout au moins l'arabe. Il fallait un agent de caractère souple et dissimulé, capable, en un mot, de ne pas laisser pénétrer des projets qui ne tendaient à rien moins qu'à retirer des mains des Musulmans, des Arabes et par eux des Vénitiens, tout le commerce de l'Asie pour en doter le Portugal.
Un navigateur expérimenté, Pedro de Covilham, qui avait servi avec distinction sous Alphonse V dans la guerre de Castille, avait fait un assez long séjour en Afrique. Ce fut sur lui que Jean II jeta les yeux. On lui adjoignit Alonzo de Païva, et tous deux, munis d'instructions détaillées ainsi que d'une carte tracée d'après la mappemonde de l'évêque Calsadilla, suivant laquelle on pouvait faire le tour de l'Afrique, partirent de Lisbonne au mois de mai 1487.
Les deux voyageurs gagnèrent Alexandrie et le Caire, où ils furent assez heureux pour rencontrer des marchands maures de Fez et de Tlemcen qui les conduisirent à Thor, l'ancienne Asiongaber, au pied du Sinaï, où ils purent se procurer de précieux renseignements sur le commerce de Calicut.
Covilham résolut de profiter de cette heureuse circonstance pour visiter un pays sur lequel, depuis un siècle, le Portugal jetait un regard de convoitise, tandis que Païva allait s'enfoncer, dans les régions alors si vaguement désignées sous le nom d'Ethiopie, à la recherche de ce fameux prêtre Jean, qui régnait, racontaient les anciens voyageurs, sur une contrée de l'Afrique merveilleusement riche et fertile. Païva périt sans doute dans sa tentative aventureuse, car on ne retrouve plus ses traces.
Quant à Covilham, il gagna Aden où il s'embarqua pour la côte de Malabar.
Il visita successivement Cananor, Calicut, Goa, et recueillit des informations précises sur le commerce et les productions des pays voisins de la mer des Indes, sans éveiller les soupçons des Hindous, bien éloignés de penser que l'accueil bienveillant et amical qu'ils faisaient au voyageur assurait la ruine et l'asservissement de leur patrie.
Covilham, croyant n'avoir pas encore assez fait pour son pays, quitta l'Inde, gagna la côte orientale d'Afrique, où il visita Mozambique, Sofala, depuis longtemps fameuse par ses mines d'or, dont la réputation était venue avec les Arabes jusqu'en Europe, et Zeila, YAvalites portus des anciens, la ville principale de la côte d'Adel, à l'entrée du golfe arabique, sur la mer d'Oman. Après un assez long séjour dans cette contrée, il revint par Aden, alors le principal entrepôt du commerce de l'Orient, poussa jusqu'à l'entrée du golfe Persique, à Ormuz.
puis, remontant la mer Rouge, il regagna le Caire.
Jean Il avait envoyé deux juifs instruits qui devaient y attendre Covilham.
Celui-ci remit à l'un d'eux, le rabbin Abraham Beja, ses notes, l'itinéraire de ses voyages et une carte d'Afrique qu'un musulman lui avait donnée, en le chargeant de porter le tout à Lisbonne, dans le plus bref délai possible.
Pour lui, non content de ce qu'il avait fait jusque-là, et voulant exécuter la mission que la mort avait empêché Païva d'accomplir, il pénétra en Abyssinie, dont le negous, connu sous le nom de prêtre Jean, flatté de voir son alliance recherchée par un des souverains les plus puissants de l'Europe, l'accueillit avec une extrême bienveillance, et lui confia même une haute position à sa cour, mais, pour s'assurer la continuité de ses services, il se refusa constamment à lui laisser quitter le pays. Bien qu'il se fût marié et qu'il eût des enfants, Covilham pensait toujours à sa patrie, et, lorsqu'en 1525 une ambassade portugaise, dont faisait partie Alvarès, vint en Abyssinie, il vit partir avec le plus profond regret ses compatriotes, et le chapelain de l'expédition s'est fait naïvement l'écho de ses plaintes et de sa douleur.
( En fournissant, dit M. Ferdinand Denis, sur la possibilité de la circumnavigation de l'Afrique, des renseignements précis, en indiquant la route des Indes, en donnant sur le commerce de ces contrées les notions les plus positives et les plus étendues, en faisant surtout la description des mines d'or de Sofala, qui dut exciter la cupidité portugaise, Covilham contribua puissamment à accélérer

l'expédition de Gama. »

Aucun commentaire: