La bataille d’Alcántara 25 août 1580

La bataille d’Alcántara 25 août 1580
La bataille d’Alcántara 25 août 1580

Alcântara
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Cette bataille eut lieu le 25 août 1580, en vue de Lisbonne. Elle se nomme la bataille d’Alcântara. Entrons à son sujet dans quelques détails.

L’armée portugaise se trouvait rangée en bataille entre Lisbonne et le ruisseau d’Alcantara, sa gauche appuyée au Tage. Le duc d’Albe disposa ses troupes vis-à-vis, de l’autre côté du ruisseau, de sorte que c’était sa droite qui s’appuyait au Tage. Il occupa en arrière un petit mamelon rocheux du haut duquel il dirigea les mouvements de son armée. Sa réserve était au pied de ce mamelon que désigne encore la tradition, ainsi que la pierre sur laquelle on prétend qu’il s’assit pendant l’action.

Pour traverser le ruisseau, il lui fallait s’emparer d’un pont et d’un moulin qui se trouvaient sur son cours. Il fit attaquer ces deux points faiblement pour gagner du temps et attirer de ce côté les forces portugaises.

Pendant cette première période de la bataille, un corps de cavalerie remontait par ses ordres le cours du ruisseau, le passait en amont et se dirigeait sur la droite des ennemis, tandis que la flotte espagnole remontait le Tage au moyen de la marée montante, et venait se poster sur le flanc gauche des Portugais. Tout fut si bien combiné, dans ce double mouvement tournant, que la cavalerie tomba sur la droite des ennemis au moment où la flotte canonnait et fusillait leur gauche.

L’armée de don Antonio, ainsi attaquée à la fois en front et sur les deux flancs, ne tint pas longtemps et s’enfuit vers Lisbonne, le seul côté qu’on lui eût laissé libre. Ainsi, dans cette journée, le duc d’Albe dut la victoire à une observation heureuse et pratique du phénomène de la marée, observation combinée avec une manœuvre tournante de cavalerie sur l’aile opposée. Cette combinaison fait honneur à son talent de conception, encore dans toute la vigueur, malgré son grand âge, et l’exécution de ce plan prouve que les troupes espagnoles possédaient encore à la fin du XVIe siècle des qualités manœuvrières que depuis, elles ont rarement retrouvées.

La victoire d’Alcántara eut pour résultat la soumission de Lisbonne et de tout le Portugal. Don Antonio se sauva successivement à Santarem et à Coimbre, puis, craignant d’être pris, car ses adversaires avaient promis 80 mille ducats à qui le livrerait mort ou vif, il gagna le port de Viana, s’y embarqua et se réfugia en France.

Ainsi se termina une campagne bien conçue et habilement conduite, qui indique chez le duc d’Albe le génie de la grande guerre.

D’après « Portraits militaires : Esquisses historiques et stratégiques » – Édouard de La Barre Duparcq – 1853

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CONQUÊTE DU PORTUGAL.
Henri,roi de Portugal, mourut en 1580, et, par ordre de primogéniture, le trône vacant appartenait au roi d'Espagne Philippe II; cependant les Portugais avaient préféré se choisir un roi dans la personne du prieur de Crato, don Antonio, et l'avait proclamé en cette qualité à Lisbonne. 
Aussitôt le roi d'Espagne leva une armée composée de trente-cinq mille hommes, et le duc d'Albe, qui fut investi du commandement, envahit le Portugal et livra bataille au prétendu roi, sous les murs d'Alcantara. 
Les Portugais furent battus et perdirent trois mille hommes, ce qui amena la soumission immédiate de Lisbonne. Cependant Antonio conservait encore l'espoir de résister, et une nouvelle bataille devint inévitable; elle eut lieu sur les boris du Duéro, et, comme la première, tourna à l'avantage des armes espagnoles ; don Sanche d'Avila la gagna à la tête de six mille hommes. Il ne resta d'autre parti à Antonio que de prendre la fuite. Les colonies annexées par la couronne de Portugal devinrent la propriété de Philippe II, à l'exception des iles Açores, encouragées dans la résistance par la présence de don Antonio, qui parvint, grâce à l'aide de la France, à partir pour les îles avec soixante vaisseaux et six mille soldats; mais le Dieu des batailles ne lui était pas propice. A peine arrivé, il fut attaqué et vaincu une troisième fois par un armement espagnol conduit par le marquis de Santa-Cruz. Après cette dernière tentative, don Antonio reprit la fuite, et le Portugal et ses colonies passèrent définitivement sous le sceptre de Philippe II.
Septenville, Édouard Langlois, Bon de. Victoires et conquêtes de l'Espagne depuis l'occupation des Maures jusqu'à nos jours, par le Bon Édouard de Septenville. 1862.

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