Après la mort de Jean II, Emmanuel monta sur le trône. Les Portugais continuaient à parcourir les côtes de Barbarie, afin de trouver quelque occasion favorable d'étendre les bornes de leur domination. Zéjam, oncle du roi de Fez, voyant avec quelle avidité ils cherchaient à faire des conquêtes, leur tendit un piège dans lequel ils donnèrent imprudemment : il alla à la cour du roi Emmanuel, lui fit entendre qu'il avait des intelligences dans Azamore, et qu'il lui livrerait cette ville et plusieurs autres, s'il voulait y envoyer une flotte.
Le crédule monarque, qui comptait trop facilement sur le succès d'une pareille entreprise, et sur les promesses d'un prince infidèle, se laissa éblouir par ces offres ; il lui envoya une escadre sous le commandement de Jean de Ménézès.
Elle partit de Lisbonne le 26 juillet 1508 , parut ensuite devant Azamore et en fit le siège. Le général portugais attendait avec une extrême confiance l'effet des flatteuses promesses du prince more; mais il ne fut pas longtemps à s'apercevoir de son erreur, et de la tromperie de Zéjam.
Celui-ci se mit à la tête des assiégés, qui firent plusieurs sorties sur les Portugais, et qui tombèrent sur eux avec tant d'impétuosité, que Ménézès, qui ne s'y attendait point, fut obligé de lever le siège après une perte considérable. Il eut quelques vaisseaux de coulés et plusieurs de brûlés, par de petits bâtiments, remplis de matières combustibles, que les Mores faisaient approcher.
Ménézès, ne pouvant se retirer en Portugal, à cause des vents contraires, alla mouiller à Gibraltar. Le roi de Fez, piqué de l'insulte que les Portugais avaient faite à une de ses villes, chercha bientôt à s'en venger. Le 19 octobre de la même année, il alla faire le siège d'Arzile, occupée par les Portugais.
Le gouverneur se défendit en homme de courage; mais il était pressé. Ménézès, qui en fut averti, vola à son secours avec sa flotte, qui heureusement n'était pas éloignée: il arriva cependant un peu trop tard ; car la ville, ne pouvant résister à la multitude des barbares qui l'assiégeaient, fut prise, et la garnison obligée de se retirer dans la forteresse.
Ménézès, informé du triste état et du pressant danger où elle était, crut qu'il serait indigne de sa gloire de n'être venu précisément que pour voir périr de si braves gens. Il mit donc en usage tous les ressorts de la prudence et de la valeur pour les secourir.
Ne pouvant entrer dans le port, à cause des vases qui le rendent dangereux, et de la tempête qui augmentait encore le péril, il mit sur de petits bateaux plats des troupes composées de criminels condamnés aux galères, auxquels il promit la liberté; de mercenaires à qui il donna de l'argent, et de plusieurs autres, qui, poussés par le désir d'acquérir de la gloire, s'étaient engagés dans cette expédition. Ces barques chargées de gens excités par différents motifs, s'ouvrirent un passage, malgré tous les efforts des infidèles, et portèrent dans la citadelle des munitions de bouche et de guerre.
Un secours venu si à propos fit reprendre courage à la garnison. Pierre de Navarre, amiral d'Espagne, qui était à Gibraltar avec sa flotte, appareilla de son côté pour aller au secours des Portugais.
Les deux flottes réunies désolèrent les barbares, avec leur canon qui les battait sans relâche à revers et à découvert. Les Mores, affaiblis par des pertes considérables, étonnés de la valeur des chrétiens, et désespérant de prendre le fort, se retirèrent après avoir réduit la ville en cendres.
Emmanuel n'oubliait pas la trahison de Zéjam, qui n'avait cherché à le tromper que pour se rendre maître lui-même d'Azamore.
Pour se venger de cette perfidie, il mit en mer une flotte de quatre cents vaisseaux de toutes les grandeurs. Elle cingla vers les côtes de l'océan Atlantique, et jeta l'ancre à un kilomètre d'Azamore. Les Portugais ayant fait leur descente, assiégèrent cette place. Elle fut défendue avec beaucoup d'intrépidité; mais le gouverneur, qui en faisait le plus fort appui par sa prudence et son habileté, ayant péri, les Portugais s'emparèrent de la place, et remportèrent ensuite plusieurs victoires sur les Mores voisins.
( […] Quand Pero Mendes, «feitor» de Safi, passe à Mazagan, au début de décembre 1502, il y trouve Rui Gil en mauvais termes avec les habitants d´Azemmour. […] Les gens d´Azemmour répondent par des protestions de services: ils se refusent cependant à laisser les Portugais construire chez eux une forteresse comme Emmanuel I Depuis quelques années, Emmanuel I […] Le choix du duc de Bragance, neveu du Roi et le plus grand seigneur du royaume, comme chef de l´expédition, ainsi que l´importance des préparatifs ordonnés par Emmanuel I […] La conquête d´Azemour eut un immense retentissemment. Les indigènes furent saisis d´une telle panique que même les habitants d´El-Mdina, qui étaient soumis au Portugal, et ceux de Tit, qui ne demandaient qu´à se soumettre, s´enfuirent dans l´intérieur du territoire. […] L´abandon des campagnes par leurs habitants rendit quelques temps difficile le ravitaillement de l´armée et des places portugaises. La confiance chez les indigènes fut lente et difficile à rétablir. Le roi de Fès aussi prit peur. Son inquietude lui donna la force de réagir.[…] Dès le début de décembre, le bruit se répand que le roi de Fès prépare une expedition contre Azemmour. […]
Pierre De Cenival “Les Sources Inédites de L´Histoire du Maroc” Archives et Bibliothéques de Portugal, Tome I, Juillet 1486-Avril 1516, Paris, Paris Geuthner, 1934, pp.394-402
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