1504 Voyage d'Albuquerque

Albuquerque
Albuquerque
D'Almeida eut pour successeur, dans la vice royauté, l'un de ses lieutenants, l'illustre Albuquerque, auquel ses contemporains ont donné le nom de grand. Parti du Portugal en 1504 à la tête d'une flotte, il avait conquis au passage l'île de Socotora, qui se trouve à l'entrée de la Mer Rouge, près du détroit de Bab-el-Mandeb et la riche cité d'Ormuz, qui commande le détroit. Il détruisit la flotte égyptienne. Les Vénitiens tentèrent un dernier effort pour relever leur puissance. Ils proposèrent au Soudan d'exécuter un projet dont la réalisation grandiose était réservée à notre siècle : le percement de l'isthme de Suez. Ils auraient reconquis, par cette voie, tous leurs avantages commerciaux et ainsi annulé la supériorité qu'avait prise sur eux les Portugais en s'ouvrant un chemin vers l'Inde par le cap de Bonne-Espérance. Mais les Vénitiens étaient à leur déclin ; la ligue de Cambrai allait abattre leur puissance. De son côté, Albuquerque songeait à ruiner l'Egypte en détournant le cours du Nil vers la mer Rouge. Aucun de ces deux projets ne fut exécuté.



En 1509, Albuquerque succéda à d'Almeida. Il fut le véritable fondateur de l'empire portugais. En quelques années, il s'empara de Goa, dont il fit la capitale des possessions indiennes, prit Malacca, occupa les iles Moluques, rendit les rois de Siam et de Pegou tributaires.
Il était vice-roi depuis six ans, lorsque, se croyant disgracié par suite de la nomination d'un de ses lieutenants, dont il avait à se plaindre, comme capitaine général de Cochin, il mourut presque de douleur et de chagrin (il décembre 1515).
Le roi Emmanuel lui rendit justice en comblant son fils d'honneurs. Cet homme illustre fut regretté de tous ; il fut pleuré même des peuples qu'il avait vaincus. Il réunissait en lui l'assemblage des qualités les plus brillantes et des plus hautes vertus.
Le nouveau capitaine général de Cochin, Lopes Soares d'Albergaria lui succéda dans le gouvernement des colonies et continua son œuvre en occupant définitivement Ceylan et en établissant les premières relations des Européens avec les Chinois.

On peut lui reprocher une grande hauteur de caractère, qui indisposa les peuples soumis; son successeur, Diego Lopes de Siqueira, augmenta ce mécontentement. Les Portugais montraient déjà une arrogance insupportable à l'égard des populations indigènes; leur joug était pesant. La Chine leur ferma bientôt ses portes. Leur vaste empire était menacé d'une dissolution prochaine que ne fit que retarder la présence momentanée de Vasco de Gama (1524) et les efforts de Jean de Castro et de Louis d'Ataïde. Les Portugais gouvernaient par la terreur. Leur cruauté était extrême. Ils affichaient des mœurs luxueuses et dissolues. Ils étaient craints et méprisés. Les Hindous se soulevèrent et s'allièrent aux Turcs, envoyés par le fameux Soliman.

Castro battit l'armée commandée par le roi de Cambaye Mahmoud, qui assiégeait la ville de Diu; à la suite de cette victoire, il triompha à la manière romaine, en traversant Goa monté sur un char magnifique, s'entourant d'une pompe qui avait pour but de frapper l'esprit des populations indiennes.

Jean de Castro fut vice-roi de 1545 à 1548. Il mourut cette dernière année dans les bras de saint François-Xavier. Sa pauvreté était extrême. On assure qu'on ne trouva dans ses coffres que trois réaux et une discipline.

Cet homme illustre était adoré de tous ceux qui l'entouraient. Mais ce relèvement de la puissance portugaise était comme un éclair traversant les cieux. Il n'eut pas une durée plus grande. La tyrannie des maîtres de l'Inde, leur cruauté, les abus de toute sorte auxquels ils se livraient, rendaient la chaîne si lourde aux vaincus, que les premiers rivaux qui se seraient présentés eussent été reçus en libérateurs. L'inquisition qui, sous le règne de Sébastien, avait pris une telle influence dans le royaume, apparut aux Indes avec son sinistre cortège; elle devait mettre le comble aux maux dont souffraient les malheureuses populations courbées sous le joug des despotes européens.


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