La monarchie s'écroulait avec le désastre d'Alcazar, où le roi Sébastien perdait la vie, et la nomination de Philippe II comme roi de Portugal donnait à l'Espagne les 5 000 lieues de côtes occupées par les Portugais aux Indes et dans l'Afrique orientale. Les Espagnols ne surent pas les garder. Elles devinrent une proie facile pour leurs ennemis, et quand, soixante ans plus tard, le Portugal recouvra son indépendance, de son immense empire des Indes il ne lui restait presque rien. D'ailleurs, eût-il pu, même s'il n'était pas devenu une province espagnole, garder un empire qui, visiblement, était en pleine décadence dans les dernières années ?
Conquérants audacieux, les Portugais s'étaient établis par leur valeur, il A avaient régné par la terreur, mais leurs colons n'étaient pas assez nombreux pour fonder de véritables colonies. Ils venaient aux Indes chercher fortune; ils n'y restaient pas pour former souche de colonisateurs.
Il ne faut pas oublier que le Portugal, aux quinzième et seizième siècles, ne comptait pas deux millions d'habitants. Une aussi faible population ne pouvait que difficilement embrasser et maintenir un aussi vaste empire colonial.
Heureusement que leur grande colonie de l'Atlantique, le Brésil, leur resta; ils faillirent la perdre; ils étaient même résolus à l'abandonner.
La grandeur maritime du Portugal dura à peine deux siècles ; leur empire aux Indes eut à peine celle d'un siècle. Ils durent l'éclat dont brilla leur marine aux grands hommes qui la formèrent et soutinrent sa renommée.
Cette pléiade d'hommes illustres, qui commence à don Henri pour finir à don Luis d'Ataïde, emplira à jamais les fastes de la nation portugaise. La mer fut le vaste champ de leurs découvertes et de leurs exploits. De leur vivant, ils donnèrent au Portugal la grandeur matérielle; après leur mort, ils lui ont donné la gloire qui ne s'efface pas, qui survit aux plus grands désastres, qui s'éternise dans les souvenirs des hommes, celle qui s'attache aux actions d'éclats, aux faits héroïques, aux grandes vertus, aux conquêtes morales. Ils ont fait faire à la civilisation un pas immense, en soumettant de nouvelles terres à son activité fécondante et en lui donnant des peuples à conquérir à tous les progrès.
Bataille d'Alcacer-Quibir |
1578 Bataille d'Alcacer-Quibir |
Ce monarque était né avec un penchant déclaré pour la guerre; mais la prudence ne seconda pas toujours cette ardeur belliqueuse. Parti pour l'Afrique avec quatre galères, quelques vaisseaux et quelques caravelles, il fit une descente à Tanger, et se répandit dans les terres avec assez de précaution: les Mores s'attroupèrent dans le but de le repousser"; mais ils ne purent tenir contre sa valeur: ils furent battus; et, après leur défaite, don Sébastien retourna en Portugal. Cette expédition ajouta encore au désir que ce prince avait de signaler son courage en Afrique. Il y retourna, malgré les oppositions de son conseil, les remontrances de
Philippe II, roi d'Espagne, et les avis de tous ceux qui prenaient un véritable intérêt à sa gloire: il partit de Lisbonne avec une flotte capable de répondre à ses projets, et alla jeter l'ancre entre Arzille et Tanger. Son dessein était d'assiéger la ville de Lixe, de la province d'Asgar, dans le royaume de Fez. Il eut le tort de conduire par terre dans un pays inconnu son armée, qui était en mauvais ordre et mal disciplinée. Il Ii,l'a bataille aux Mores, qui lui étaient fort supérieurs en nombre, et qui avaient un chef aussi distingué par son habileté que par s a valeur. Sébastien, malgré son intrépidité, perdit la bataille et la vie....
(Texte tiré de "Histoire générale de la marine" de Charles VAN TENAC )
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